Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 33.1905)

BIBLIOGRAPHIE

Lî. Berenson. — THE DRAWINGS OF THE FLORENTINE PAINTERS 1

Le nombre des collectionneurs de dessins a été toujours plus restreint que
celui des collectionneurs de statues ou de tableaux. Rarement les dessins
ont une valeur décorative. Ils ne se prêtent guère à l’encadrement et, pour
être exposés comme des tableaux, ils demandent cette intimité qui met le specta-
teur, à travers les siècles, en rapport direct avec l’artiste. Du moins l’on trouve,
parmi les collectionneurs de dessins, les plus grands connaisseurs, les plus fins
amateurs de tous les temps, depuis Vasari jusqu’à Reynolds, Lawrence et Léon
Bonnat.

Pour les historiens, les dessins offrent autant d’attraits que de difficultés. 11
faut un œil plus exercé, plus profondément cultivé que pour n’importe quelle
autre forme d’art. Comme les dessins représentent, dans la vie d’un artiste,
l’émanation la plus spontanée, la moins voulue, ils offrent des traits non moins
caractéristiques, mais qui frappent moins vite les yeux et demandent des études
plus approfondies que la peinture. Ces considérations expliquent que, même
dans notre temps où l’histoire de l’art est si en honneur, on ait un peu négligé
l’élude des dessins. On a fait, il est vrai, de superbes publications des dessins de
Durer et de Rembrandt; il existe des reproductions magnifiques (mais pour la
plupart réunies dans de grands albums) de dessins de nos collections publiques,
voire même des trésors de quelques collections particulières de l’Angleterre. Mais
a-t-on jamais essayé d’écrire l’histoire de l’art d’après les dessins des maîtres?

1. The drawings of the Florentine Pointers, classified, crilicised and studied as do-
cuments in the history and appréciation of Tuscan art. With a copious catalogue rai-
sonne. By Bernhard Berenson. London, J. Murray, 1903. 2 vol. in-fol. : 330 p. av. 72 pl. ;
200 p. av. 180 pl.