Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 33.1905)

LES SALONS DE 1905

(premier article)

SOCIÉTÉ NATIONALE DES BEAUX-ARTS

I

Avril ; voici les murs des Salons annuels diaprés de la floraison
des couleurs. Jamais, sous ses formes les plus variées, la vie
artistique ne se révéla plus intense. A peine fermée l’Expo-
sition des Indépendants, qui confirma des talents déjà connus et en
décela de nouveaux, à peine clos les petits Salons par groupements
d’affinités et les innombrables expositions individuelles, voici que
les deux grandes Sociétés d’art issues de l’ancien Salon officiel nous
invitent à venir considérer comment leurs représentants, des artistes
les plus autorisés aux débutants encore ignorés, fixèrent par l’ébau-
choir, le burin, la pointe ou le pinceau nos rêves de beauté, nos
gestes familiers et l’intégralité mouvante de la vie.

C’est, en effet, la préoccupation constante de la vie qui rend si
vivant l’art de l’heure présente, et cela est parfait pour l’art, l’énergie
de la vie étant le désir même de l’expression, dont l’art n’a plus
qu’à chercher les moyens nombreux. Les artistes se sont donc
évadés des formules surannées, et, libérés des entraves de la tradi-
tion, ils sont allés, pour qu’on connût bien qu’ils étaient libres,
chantant des hosannah de délivrance ; mais il y eut à cette libération

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XXXIII, — 3' PÉRIODE