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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 33.1905

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Morand, Eugène: Les salons de 1905, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24815#0517

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LES SALONS DE 1905

(deuxième article1)

L’art du portrait est un art magique. Comme l’incantatricc, par
les passes savantes de ses mains, savait contraindre la lune à
descendre dans l’orbe poli d’un miroir et y interrogeait son
mystère, le peintre, par le subtil enlacement coloré des lignes, contraint
une âme à descendre dans le champ étroit d’une toile et y fixe pour
nous son mystère. Et nous pouvons l’y interroger, le visage du por-
trait répondra; les visages des portraits ne sont pas des faces de silence
comme ils le paraissent; ils font toujours le récit de l’âme de quel-
qu’un. De l’âme du modèle sans doute, mais de l'àme du peintre
peut-être encore plus. Interrogez les portraits, vous en entendrez qui
vous diront à travers quelles mesquines préoccupations étrangères à
l’art, à travers quelles obsédantes visions de récompenses honori-
fiques, de médailles, d’institut, ils ont été peints.

Et il y a aussi les mains des portraits qui vous feront des signes
que vous comprendrez; beaucoup d’abord vous diront quelles ne
concordent aucunement avec les visages, qu’elles sont de quelcon-
ques mains de modèles à tant l’heure, sans personnalité, sans accent;
d’autres confesseront le peintre et le forceront d’avouer l’incompré-
hension qu’il montra de leur individualité pourtant si intense, la 1

1. V. Gazette des Beaux-Arts, 190b, t. I, p. 3b4.
 
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