Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 33.1905)

UN PORTRAIT DE JULIE D’ANGENNES

DANS LA COLLECTION EDMOND DE ROTHSCHILD

I

n ne doit pas s’éterniser en jéré-
miades sur l’irrespect des nôtres
en matière d’art, ni en lamenta-
tions sur les hécatombes des ico-
noclastes politiques. Nous devons à
l’irrespect que pas un Vasari ou
un Carel van Mander indigène n’a
chanté nos gloires ; nous devons
aux bousculades des partis que pas
un tableau ancien n’est resté à
sa place d’origine. Toutefois, ce
serait œuvre vaine que pleurer le
bien perdu; beaucoup d’épaves ont été sauvées, dispersées çà et là,
comme ces Fouquet retrouvés à Francfort ou à Vienne, comme
tant d’autres débaptisés, affublés de noms d’emprunt, installés en
des lieux où domine le respect de l’œuvre, et devenus des étrangers
pour nous. Peu à peu le jour se fait; de bons esprits, même parmi
nos voisins —je pourrais presque dire surtout parmi nos voisins —
admettent que, dans le concert européennes gens de France tinrent
une place marquante, que le retour au naturel, au vrai, se mani-
festa d’abord en des pays de langage français, encore que des
frontières politiques, toutes factices, aient depuis longtemps désas-
socié les hommes de môme race.

Sans remonter aux primitifs de la peinture, aux vieux artistes
des Valois, dont l’Exposition récente du Pavillon de Marsan a
démontré l’influence décisive, il y aurait beaucoup à dire, même pour