206
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
d’originaux du vR siècle, par exemple la Déesse Borna du Louvre.
Ce que nous savons du portrait de Périclès par Crésilas est par-
faitement d’accord avec ce que nous apprend VAmazone du Capitole.
On connaît plusieurs exemplaires d’un buste de guerrier casqué,
dont deux au Musée Britannique et au Vatican, portant le nom de
Périclès inscrit sur la base1. Ce ne sont pas des portraits réalistes —
on n’en faisait pas encore au ve siècle — mais des images où l'idéal
propre à l’artiste ne s’efface pas devant l’impression du modèle. Or,
l’on y trouve les mêmes caractères que
dans Y Amazone du Capitole, notamment
dans le dessin si particulier des yeux; il
y a là comme un parti pris où se révèle
une conception toute personnelle de la
beauté.
Aucun des bustes de Périclès ne porte
le nom de Crésilas; mais il est probable
que ces bustes dérivent d’un original vanté
par Pline1 2; il est certain qu’ils ressemblent
à la tête de Y Amazone du Capitole et il est
probable que cette dernière dérive d’un ori-
ginal de Crésilas. En archéologie, deux pro-
babilités et une certitude suffisent ample-
ment à fonder une opinion. Ceux qui ne
veulent opérer que sur des certitudes doi-
vent renoncer à faire l’histoire de l’art
DITE PA LLAS DE VELLET RI . . , ,
antique et suivre Je conseil de la belle
(Musée du Louvre.)
Vénitienne à Rousseau : « Lascia le
donne e stuclia la matemalica. »
VI
Prenant pour point de départ Y Amazone du Capitole, M. Michaelis,
en 1880, attribua à Crésilas l’original de la Pallas de Velletri au
1. Visconti, Iconographie grecque, pi. 16 (l’exemplaire du Vatican); Furlwaen-
gler, Masterpieées, pl. à la p. 118 (l’exemplaire de Londres). La base retrouvée sur
l’Acropole est celle d’un Terme surmonté d’un buste. M. Furtwaengler pense qu’il
a pu être dédié en 439, lors du retour de Périclès après sa campagne victorieuse
à Samos. Pour l’inscription, voir Corp. inscr. atticarum, t. IV, p. 164, n. 403 a.
2. Pausanias (1, 25, î) parle du Périclès de l’Acropole, mais n’indique pas le
nom de l’auteur. — C’est M. Wolters qui a rapporté à Crésilas l'original des
bustes de Londres et du Vatican (Friederichs-Wolters, Bàustcine, n° 486).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
d’originaux du vR siècle, par exemple la Déesse Borna du Louvre.
Ce que nous savons du portrait de Périclès par Crésilas est par-
faitement d’accord avec ce que nous apprend VAmazone du Capitole.
On connaît plusieurs exemplaires d’un buste de guerrier casqué,
dont deux au Musée Britannique et au Vatican, portant le nom de
Périclès inscrit sur la base1. Ce ne sont pas des portraits réalistes —
on n’en faisait pas encore au ve siècle — mais des images où l'idéal
propre à l’artiste ne s’efface pas devant l’impression du modèle. Or,
l’on y trouve les mêmes caractères que
dans Y Amazone du Capitole, notamment
dans le dessin si particulier des yeux; il
y a là comme un parti pris où se révèle
une conception toute personnelle de la
beauté.
Aucun des bustes de Périclès ne porte
le nom de Crésilas; mais il est probable
que ces bustes dérivent d’un original vanté
par Pline1 2; il est certain qu’ils ressemblent
à la tête de Y Amazone du Capitole et il est
probable que cette dernière dérive d’un ori-
ginal de Crésilas. En archéologie, deux pro-
babilités et une certitude suffisent ample-
ment à fonder une opinion. Ceux qui ne
veulent opérer que sur des certitudes doi-
vent renoncer à faire l’histoire de l’art
DITE PA LLAS DE VELLET RI . . , ,
antique et suivre Je conseil de la belle
(Musée du Louvre.)
Vénitienne à Rousseau : « Lascia le
donne e stuclia la matemalica. »
VI
Prenant pour point de départ Y Amazone du Capitole, M. Michaelis,
en 1880, attribua à Crésilas l’original de la Pallas de Velletri au
1. Visconti, Iconographie grecque, pi. 16 (l’exemplaire du Vatican); Furlwaen-
gler, Masterpieées, pl. à la p. 118 (l’exemplaire de Londres). La base retrouvée sur
l’Acropole est celle d’un Terme surmonté d’un buste. M. Furtwaengler pense qu’il
a pu être dédié en 439, lors du retour de Périclès après sa campagne victorieuse
à Samos. Pour l’inscription, voir Corp. inscr. atticarum, t. IV, p. 164, n. 403 a.
2. Pausanias (1, 25, î) parle du Périclès de l’Acropole, mais n’indique pas le
nom de l’auteur. — C’est M. Wolters qui a rapporté à Crésilas l'original des
bustes de Londres et du Vatican (Friederichs-Wolters, Bàustcine, n° 486).