LES « CHRONIQUES » DE FROISSART A BRESLAU 389-
niques de Saint-Pétersbourg1. M. Durrieu a montré, dans son livre-
sur Jacques de Besançon, que les miniaturistes subirent l’influence
de Fouquet entre 1469 et 1471, c’est-à-dire précisément à l’époque
où ont dû être exécutées les miniatures du Froissart de Breslau;
Fouquet était alors dans tout l’éclat de sa renommée, consacrée par
le suffrage de Louis XI qui, en créant en 1469 l’ordre de Saint-Mi-
chel, avait commandé le frontispice des statuts au peintre tourangeau 2_
Bruges, de 1450 à 1480 environ, fut le grand centre de la fabri-
cation des livres de luxe. Gomme l’a dit récemment M. Weale 3,
l’école locale des artistes ne pouvait suffire aux commandes; on y
attira d’abord des artistes d’Utrecht, puis on en fit venir de France
et sans doute aussi de la vallée du Rhin. Lors donc qu’on parle
d’une école brugeoise, ou, siiivant l’expression que préfère M. Dur-
rieu, ganto-brugeoise, il ne faut pas oublier que Bruges était plutôt
un centre de diffusion que de production et qu’un manuscrit enlu-
miné et écrit à Bruges n’appartient pas nécessairement à l’école
llamande. Entre l’œuvre essentiellement flamande, le Bréviaire Gri-
mani, et une œuvre essentiellement française comme la collection
des Fouquet de Chantilly, il y a nombre d’œuvres intermédiaires,
qui participent à des degrés différents de l’une et de l’autre école;
je crois que le Froissart de Breslau est parmi celles-là et que cette
circonstance, loin d’en diminuer la valeur, le recommande tout
particulièrement à l’attention des historiens de la miniature.
SALOMON REINACH
1. Toutes les miniatures de ce manuscrit, dont les lecteurs de la Gazette ont
eu naguère la primeur, viennent d’être publiées en héliogravure dans le t. XI des
Monuments Piot.
2. Cf. Durrieu, Jacques de Besançon, p. 29, et Gazette archéologique, 1889, p. 61,
pl. XIV.
3. Weale [Burlington Magazine, 1903, II, p. 322).
niques de Saint-Pétersbourg1. M. Durrieu a montré, dans son livre-
sur Jacques de Besançon, que les miniaturistes subirent l’influence
de Fouquet entre 1469 et 1471, c’est-à-dire précisément à l’époque
où ont dû être exécutées les miniatures du Froissart de Breslau;
Fouquet était alors dans tout l’éclat de sa renommée, consacrée par
le suffrage de Louis XI qui, en créant en 1469 l’ordre de Saint-Mi-
chel, avait commandé le frontispice des statuts au peintre tourangeau 2_
Bruges, de 1450 à 1480 environ, fut le grand centre de la fabri-
cation des livres de luxe. Gomme l’a dit récemment M. Weale 3,
l’école locale des artistes ne pouvait suffire aux commandes; on y
attira d’abord des artistes d’Utrecht, puis on en fit venir de France
et sans doute aussi de la vallée du Rhin. Lors donc qu’on parle
d’une école brugeoise, ou, siiivant l’expression que préfère M. Dur-
rieu, ganto-brugeoise, il ne faut pas oublier que Bruges était plutôt
un centre de diffusion que de production et qu’un manuscrit enlu-
miné et écrit à Bruges n’appartient pas nécessairement à l’école
llamande. Entre l’œuvre essentiellement flamande, le Bréviaire Gri-
mani, et une œuvre essentiellement française comme la collection
des Fouquet de Chantilly, il y a nombre d’œuvres intermédiaires,
qui participent à des degrés différents de l’une et de l’autre école;
je crois que le Froissart de Breslau est parmi celles-là et que cette
circonstance, loin d’en diminuer la valeur, le recommande tout
particulièrement à l’attention des historiens de la miniature.
SALOMON REINACH
1. Toutes les miniatures de ce manuscrit, dont les lecteurs de la Gazette ont
eu naguère la primeur, viennent d’être publiées en héliogravure dans le t. XI des
Monuments Piot.
2. Cf. Durrieu, Jacques de Besançon, p. 29, et Gazette archéologique, 1889, p. 61,
pl. XIV.
3. Weale [Burlington Magazine, 1903, II, p. 322).