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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0096

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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Ce même décor scythique et ces permanences d’art assyrien, on les retrouve
sur une poterie attribuée — faussement à mon avis — aux xie-xne siècles (pl. XC,
2e vol.). On y voit un lion caractéristique; on y voit aussi le motif des cornes sur-
montant une spirale, reste dégénéré d’une colonne torse, ou bien remplissant
le champ du vase. Sur d’autres poteries, on relèvera des éléments d’origine
indienne ou central-asiatique; les influences chinoises reparaîtront, très affir-
mées, sur les bronzes; le relief sassanide de l’Ermitage représentant Hormisdas
tuant un lion rappelle à l’esprit la comparaison démonstrative que Sir Martin

Conwaya faite entre cette pièce et le chau-
dron d’argent de Gundestrap, au Musée
des antiquités norses de Copenhague1.

La plupart de ces éléments nous
entraînent de l’Asie antérieure vers
l’Extrême-Orient. Cependant le courant
d’influences qui nous ramène vers l’Occi-
dent n’est pas moins fortement affirmé.
Je viens d’en citer quelques exemples.
Les fameux ivoires de la collection Car-
rand, appartenant au Musée national de
Florence, qu’ils proviennent d’Egypte ou
d’Asie Mineure, n’en déploient pas moins
de pures influences classiques. On ne
s’étonnera pas de retrouver ces influences
sur des ivoires siciliens et, si nous met-
tions en cause les rares documents d’art
musulman espagnol qui figurent dans
l’ouvrage, nous verrions s’accuser encore
des liens qui rattachent l’art dit musul-
man à l’évolution de l’art occidental.

Cette brève énumération de carac-
tères si divers suffit cependant à établir
cette conclusion, que nous sommes ici en
présence de manifestations d’art fort
différentes les unes des autres. Il y a un
art musulman en Égyple ou en Espagne
ou en Mésopotamie ou en Syrie ou en
Perse, comme il y un art chrétien en Flandre, en Italie, en Angleterre, en Alle-
magne, en France, en Syrie et à Constantinople. Je sais bien que personne —
au moins parmi les spécialistes — ne s’abuse sur la portée d’une étiquette comme
celle d’art musulman; mais je sais aussi que l’habitude prise de laisser voisiner
des manifestations fort différentes et des arts qui ne comportent point de lien
essentiel, a conduit jusqu’ici à ne point délimiter d’une façon suffisante le terrain
sur lequel s’est réalisée l’évolution d’un style et l’œuvre d’un peuple. Le fait
même que l’on a exclu de l’Exposition de Munich l’art musulman de l’Inde et
l’art musulman chinois — trop distincts pour pouvoir prêter à la confusion —

AIGUIÈRE EN BRONZE PERSANE
ATTRIBUÉE AUX VIIe-VIIIe SIÈCLES
(PANSE ET COL GRAVÉS AU trait)
(Coll, du comte Bobrinsky, Saint-Pétersbourg.)

1. Cf. Burlington Magazine, septembre 1911.
 
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