Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 8.1912)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Le premier buste exécuté par Houdon, buste qui porte la date
de 1778, parfois celle de 1779, semble être celui qui nous montre le
philosophe en habit à la française et le chef couvert d’une perruque.
La tête est légèrement penchée, le regard un peu de côté, vif et
perçant, le front est légèrement soucieux et dénote quelque amer-
tume. C’est un portrait très simple
et admirablement expressif. Il en
existe d’assez nombreux exem-
plaires. Il est naturel que le mar-
quis de Girardin l’ait eu sans doute
le premier : la terre cuite — qui
figura au Salon de 1779, comme
lui appartenant — et que ses des-
cendants possèdent encore, a une
valeur toute particulière de cette
simple provenance. C'est celle que
nous reproduisons à la page précé-
dente. Il en existe d’autres à la Bi-
bliothèque de Versailles, à celle de
l'Ecole des Beaux-Arts, au musée
d’Orléans, dans la collection Tron-
chin à Genève, etc. M. Butîenoir en
a compté huit, y compris celle qu’il
possède lui-même et qui, portant
an revers le cachet en cire de
Houdon, estime très belle épreuve
retouchée par l’artiste, d’une finesse
et d’un accent très pénétrant. On
a prétendu récemment que toutes
ces terres cuites n’étaient que des
reproductions de celle d’Ermenon-
ville, commandées et distribuées
par le marquis de Girardin. Il est possible que plusieurs aient cette
origine, mais Houdon n’a pas dû se faire faute d’en exécuter d’autres,
d’en donner à des amis (on en cite une qui appartint à un peintre
nommé Legrand de Serant, lequel l’avait reçue de lui par amitié)
et d’en vendre, à divers moments de sa carrière, aux amateurs ou
aux dévots de Rousseau, tout en maintenant la date d’exécution du
modèle, inscrite dans le creux qui servait à mouler les terres, 1778.
Il exploitait son modèle, sa « propriété ».

BUSTE DK J.-J. ROUSSEAU
TERRE CUITE PAR HOUDON
(Musée des Arts décoratifs, Paris.)