Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 8.1912)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

On y rattache le géométrique d’Asie Mineure, dont on commence enfin à mieux
soupçonner l’intérêt. Les sarcophages d’Assarlik, quelques fragments d’Éphèse
le représentaient jusqu’aux dernières années assez pauvrement. Mais voici que
se constitue, grâce aux plus récentes fouilles de Milet, un géométrique dit
« rhodien », abondant naturellement à Camiros, et dont l’aire se serait étendue
jusqu’à Délos même. Ses productions restent encore presque toutes'inédites ;
mais, dès maintenant, la série est constituée; elle a l’avantage de faire paraître,
plus nettement que toute autre, le passage du « mycénien » au géométrique,
en même temps que la transition du géométrique au style orientalisant.

Ce style orientalisant apparaît surtout avec le vne siècle. Il est représenté
assez richement au musée d’Athènes, même si Ton met à part les grandes am-
phores de Milo et celles d’Erétrie, qui peut-être sont la suite directe des pre-
mières. Pourtant, les découvertes faites récemment en Laconie, et principale-
ment à Sparte, sont restées à demeure dans le musée central du Péloponèse. On
se rappelle que, pour une part, ces belles céramiques constituent Ja série dé-
nommée (c cyrénéenne ». Elle est divisée aujourd’hui, fort précisément, en cinq
classes. Tout n’est encore pas dit, d’ailleurs, sur cette production, pour laquelle
M. Nicole, à la suite des savants anglais, a adopté peut-être trop vite l’hypothèse
d’une fabrique purement laconienne. J’ai signalé récemment l’existence, au musée
de Tarente, d’un beau lot de coupes«cyrénéennes» qui ont au moins un intérêt
considérable de provenance, Tarente étant, on le sait, colonie de Sparte et ayant
pu répandre dans l’Italie, où ils sont fréquents, ces types de vases. Mais il se
trouve que les décors des coupes de Tarente ramènent assez directement à
Cyrène; on y voit en particulier, sujet fort instructif, la nymphe éponyme de
la colonie africaine luttant contre un lion vigoureux. Il semble donc qu’il faille
conclure de là tout au moins à une diversité de centres productifs.

En dehors de cette série, la céramique orienlalisante du vne siècle com-
porte, on le sait, trois catégories principales : ce sont les vases rhodiens,
méliens, et corinthiens. La céramique rhodienne, si importante par son déve-
loppement suivi, ne présente malheureusement que quelques types médiocres
au musée d’Athènes. Elle ne pourra être étudiée complètement qu’après la
publication des fouilles de Milet et celle du riche trésor d’offrandes trouvé en
1911 à THéraion de Délos. Sa décoration semble bien, autant qu’on en peut déjà
juger, influencée très directement par celle des vases méliens, répandus dans
toutes les Gyclades. La spirale y est pourtant assez rare; l’élément floral, surtout
l’élément animal, y dominent. C’est Rhodes qui, à son tour, fournira des modèles
aux ateliers naucratites, — ateliers à qui, d’autre part, l’imitation libre de
l’Egypte doit procurer une piquante originalité.

La poterie des Cyclades a aidé Rhodes à passer du géométrique au style
orientalisant. Elle lui a livré le secret spécial de Yengobe clair, couvrant la surface
de l’argile, dont elle-même a fait un constant et heureux usage. Après L. Couve,
M. Nicole n’avait plus à cataloguer les belles amphores méliennes du Musée
National. Mais la série valait encore la peine d’être regardée à nouveau, et de
fort près. Le savant auteur du Supplément s’est-il aperçu que tout le revers du
grand vase célèbre qui figure un triomphe d’Apollon n’a jamais été photographié
ni reproduit? On a pourtant quêté de partout, principalement à Délos et à Myko-
nos, les spécimens les plus mutilés de cette admirable série. Encore, la liste des