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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 4
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Dorbec, Prosper: Les paysagistes anglais en France
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0299

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LES PAYSAGISTES ANGLAIS EN FRANCE

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des conditions dans lesquelles s’exerce son labeur, et Paul Huet,
Rousseau, Dupré lui-même, ne ressembleront plus qu’à eux seuls.

* ❖

Quelles furent les conséquences de cet engouement pour le natu-
ralisme de nos voisins?

Ne perdons pas de vue cet affranchissement de l’aquarelle opéré
chez eux au début du xixe siècle. La même transformation radicale
de la vision qui s’en est suivie pour le paysagiste britannique a eu
son contre-coup chez le paysagiste de France. Des deux côtés on a
commencé par s’éprendre, à cause de leur exécution coulante et dia-
phane, des modèles laissés par Rubens dans ses larges évocations
de la nature. Un critique réfractaire aux audaces du romantisme,
le feuilletoniste des Débats, n’a pu se refuser à le constater quand, à
l’occasion du Salon de 1827, il a voulu faire le premier bilan des ré-
sultats après la leçon reçue d’outre-Manche : « La leçon », dit-il, « aura
du moins amené nos paysagistes à reconnaître combien ils coloraient
lourdement et faussement. » La lourdeur, certains se sont attachés à
l’éviter en poursuivant les transparences, en s’efforçant de donner à
la couleur à l’huile la liquidité de la couleur à l’eau. Cette tonalité
rance, éternellement la même,à laquelle restreignaient les formules
d’atelier, s’est vue même quelquefois remplacée par les tons purs
de l’aquarelle. L’étonnant Boulevard Poissonnière d’Isidore Dagnan
que possède Carnavalet est tout à fait typique à cet égard. Quand
le minutieux Delaberge débuta au Salon de 1831 avec son grand
paysage de IdArrivée d’une diligence dans un village de Basse-Nor-
manclie, aujourd’hui au Louvre, Gustave Planche lui fit reproche
de certaines parties du tableau ou étaient trop intervenus des colo-
rations et des procédés d’aquarelle1.

La pratique de cet art habitue à la préoccupation, au discerne-
ment de la tache. Celle-ci devint aussi pour la peinture à l’huile un
important moyen d’expression. On la scruta dans son ton propre, on
l’affirma dans sa valeur par rapport aux autres tons. Il viendrait une
époque où, par plus de perspicacité et pour plus de justesse encore,
on la décomposerait, on subdiviserait la teinte, se fiant au mélange
optique pour la rétablir dans son ensemble, —et ce serait là un des
lointains effets de l’enseignement britannique.

Mais l’aquarelle est apte surtout à exprimer les ciels, les effets

1. G. Planche, Études sur l’École française, 1855, t. I, p. 152-153.
 
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