Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Réau, Louis: La galerie de tableaux de l'Ermitage et la collection Semenov, 1
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0421

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
396

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

texte à déshabiller de jolies baigneuses, ou son Portrait de la Camargo,
dansant légèrement dans un décor champêtre1 .

Le talent de décorateur de Boucher ne se prête guère aux sujets
religieux : sa Fuite en Egypte (1757), avec ses colorations affadies et
comme délavées, a l’air d’un paravent en tapisserie de Beauvais. La
touche de Fragonard est plus grasse et plus savoureuse, du moins
dans les Enfants du fermier, car dans le second Frago de l’Ermitage,
le Baiser à la dérobée, le coloris froid et porcelainé fait déjà présager
Marguerite Gérard et Boilly.

Greuze déplait aujourd’hui par les tendances didactiques qui ont
fait son succès à la fin du xvme siècle. L’Ermitage possède une de
ses « moralités » les plus célèbres : Le Paralytique soigné par sa
famille, ou les fruits d'une bonne éducation (1761). Diderot en admi-
rait la mise en scène savante. Mais, dans cette transposition en pein-
ture d’un mélodrame larmoyant, il y a plus de quoi ravir un cœur
sensible qu’un œil de peintre2.

Chardin, le grand peintre de la bourgeoisie, a eu le bon sens de
ne pas faire de « peinture littéraire ». Son Château de cartes, son
Bénédicité, sa Blanchisseuse tirent tout leur mérite de la beauté de
la matière, de la probité du dessin, de la sincérité de l’observation.

Signalons enfin un portrait de jeune garçon que la dernière
édition du catalogue de l’Ermitage attribue au grand pastelliste
Perronneau et qui a peut-être été exécuté pendant le séjour que
l’artiste fit à Pétersbourg en 1781.

LOUIS R É A U

[La suite prochainement.)

1. Il existe deux autres répliques de ce portrait dans la Galerie Wallace de
Londres et au musée de Nantes. D’après M. E. Dacier (Les Musées de France, 1911),
l’original serait la peinture de la collection Wallace.

2. On sait que la Bibliothèque de l’Académie des Beaux-Arts de Pétersbourg
possède plus de 100 dessins originaux de Greuze qui permettent de surprendre
la première pensée et l’élaboration de ses tableaux. Greuze est d’ailleurs très
abondamment représenté dans les collections pétersbourgeoises. La galerie Yous-
soupov, à elle seule, ne compte pas moins de 18 Greuze.
 
Annotationen