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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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Demonts, Louis: Deux primitifs néerlandais au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0012

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Paul Mantz, ainsi qu’une excellente copie, probablement par Jean
Bruegel, des Aveugles du musée de Naples.

Sous le nom de Jérôme Bosch fut quelque temps exposé dans
nos galeries le volet de triptyque donné par le duc de la Trémoïlle
et représentant la Chute des réprouvés, mais l’erreur de cette attri-
bution fut presque aussitôt dénoncée par M. Jean Guiffrey dans la
Revue de l’art ancien et moderne (10 août 1898) et par M. Camille
Benoit dans la Chronique des Arts et de la Curiosité (15 avril 1899).
Ce volet, pendant probable du tableau du musée de Lille intitulé
La Fontaine mystique, et qui ne peut se comparer pour la facture
qu’au Jugement, dernier de la Marienkirche à Dantzig ou au volet
gauche du polyptyque de Beaune, n’offre rien do commun avec le
faire limpide, ni la composition synoptique de Jérôme Bosch. L’in-
fluence de la statuaire monumentale des cathédrales et celle des
graveurs rhénans de l’école de Martin Schongauer y sont seules
reconnaissables, tandis que, nous le verrons, Jérôme Bosch, dans ses
représentations d'Enfers, de Jugements derniers ou de Tentations
de saint Antoine, s’inspira, d’une façon très originale, de l’art des
anciens miniaturistes et des vieux huchiers, encore bien plus que
de l’art des Harlémois, comme Albert van Ouwater et Gérard de
Saint-Jean, ou de l’art de son contemporain anversois Quentin
Metsys, qui sont, pourtant, les seuls artistes avec qui l’on puisse
lui reconnaître un vrai cousinage.

Ce nouveau présent fait au musée du Louvre constitue le don le
plus homogène et le plus curieux qui soit. M. Benoit nous offre un
enseignement, en nous présentant les deux plus importants jalons
de l’évolution du réalisme en Flandre de la fin du xve au milieu
du XVIe siècle, jalons d’autant plus significatifs qu’à notre avis ces
deux tableaux doivent être respectivement datés de la fin de car-
rière des deux artistes et caractérisent l’aboutissement de leurs
évolutions personnelles en même temps que l’évolution générale du
genre.

Bosch et Bruegel sont Jes deux descendants authentiques de
Van Eyck, je veux dire de son amour de la nature et de son effort
vers la réalité, mais surtout les deux meilleurs représentants de la
race flamande et de ses aptitudes particulières. Le premier, à la fin
du xve siècle, réagit, plus encore que Quentin Metsys, contre l’art
de Gérard David qui, après le réalisme d’un Petrus Cristus ou
d’un Hugo van der Goes, se tournait en formules, en répétitions, et
risquait de « s’affadir dans l’idéalisation des types »; le second
 
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