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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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Nr. 2
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Polovcov, Aleksandr Aleksandrovič: Correspondance de Russie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0240

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CORRESPONDANCE DE RUSSIE

:hant que tous ceux qui s’intéressent aux questions d’art
éprouvent des inquiétudes, hélas ! bien fondées pour les
trésors d’art qui se trouvent en Russie, je voudrais
communiquer aux artistes et aux amateurs les quelques
renseignements que je suis à même de leur fournira ce
sujet.

J’ai quitté Pêtrograd à la fin d’octobre 1918, après
une année de régime bolcheviste. Lorsqu’au commen-
cement de novembre 1917 les bolcheviks usurpèrent le pouvoir, quelques-uns
de mes amis et moi-même, qui nous étions voués au service des Beaux-Arts
depuis le commencement de la Révolution, décidâmes de rester sur place et
de consacrer nos efforts à ce seul but de conserver le plus d’œuvres d’art
qu’il serait possible. Tous les services publics protestaient contre les usurpa-
teurs en se mettant en grève; mais les médecins, d’une part, et les conserva-
teurs des musées, de l’autre, furent à peu près les seuls qui restèrent à leurs
postes, estimant que les intérêts qu’ils avaient à sauvegarder primaient toute
autre considération. Lorsque je fus obligé de m’expatrier, notre petit groupe
de gens résolus avait à. Pêtrograd dépassé le nombre de quatre-vingts.

Tous les trésors les plus notables de l’Ermitage avaient été emballés et
expédiés à Moscou après la chute de Riga et, par conséquent, avant le coup de
main bolcheviste ; on avait fait partir non seulement tous les tableaux et les
objets d’art scythes et grecs, mais encore les porcelaines du xvm° siècle, une
partie du musée de sculpture, des meubles et des vases. L’emballage avait été
bien fait, ce dont nous eûmes l’occasion de nous convaincre, car les ouvriers
laissèrent tomber sur le pavé une des caisses de porcelaines, et lorsqu’elle eut
été rapportée et déballée à l’Ermitage, les conservateurs constatèrent que rien
n’avait souffert. Deux trains avaient été affectés au transport des objets à dix
jours d’intervalle. Le gouvernement provisoire avait délégué une garde spéciale,
composée d’élèves des écoles militaires, pour accompagner ces trains ; cette
mesure se trouva être fort utile, vu que la garde eut à défendre l’un des trains
à une petite gare contre les soldats démobilisés qui voulaient se saisir des

1. Cette correspondance, dont nous n’avons pas besoin de souligner l’intérêt, nous
a été adressée par le directeur du Musée des arts décoratifs de Pêtrograd (Musée Stieg-
litz). Nous sommes heureux de pouvoir, grâce à lui, donner enfin quelques précisions
sur le sort, si angoissant à l’heure actuelle, des œuvres d'art en Russie. — N. D. L. R.
 
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