Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 15.1919)

PANORAMA D’AVILA, PAR M. CHARLES COTTET
(Société Nationale des Beaux-Arts.)

LES SALONS DE 1919

A vrai dire, il n’y a pas de Salons de 1919 : dans les deux exhi-
bitions du printemps qui se partagent la moitié, disponible
enfin, du Grand-Palais des Champs-Elysées, ne cherchez ni
le cent trente-troisième Salon officiel depuis l’année 1673, ni le
vingt-cinquième Salon de la Société dissidente depuis 1890, mais
seulement, comme l’année dernière au Petit-Palais, une simple
« Exposition » fraternellement organisée au profit de leurs « œuvres
de guerre » parla Société des Artistes français et par la Société Natio-
nale des Beaux-Arts, que l’infortune des artistes a rapprochées au
lendemain delà victoire, comme à la veille d’une redoutable offen-
sive, sous la menace d’un canon mystérieux. La bienfaisance pro-
longe, au bon soleil de la paix qui vient, « l’union sacrée » qui fut
inaugurée dans l’angoisse; en ces temps incertains et troublés par
la grandeur même de l’avenir, le caractère d’une telle réconciliation
n’est point d’un mauvais exemple : hier hôpital, aujourd’hui local
d’exposition, mais partagé toujours entre l’art ambitieux et l’obscure
souffrance, l’immense vaisseau du Grand-Palais prête au symbole;
et si la porte de l’avenue Alexandre III s’est rouverte à l’elfort
humain, la grille monumentale de l’avenue d’Antin reste close sur
le silence de la douleur.

Dans l’incertitude présente de l’esthétique, ébranlée par quatre

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