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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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Nr. 2
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Bouyer, Raymond: Les salons de 1919
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https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0162

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146

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ans d’émotions sans trêve, le plus immédiat bienfait des Salons
d’assistance cordiale et d’union sacrée n’est-il pas de restreindre
opportunément le nombre des envois? Organisée sous le patronage
de la Ville de Paris, dans le cadre élégamment exigu de son musée
municipal, l’Exposition de mai-juin 1918 ne réunissait que
1024 numéros catalogués; le livret de 1919 en contient 3550,
crescendo subit qui manifeste, à l’heure des bourgeons, un retour
à la vie; et, certainement, ce n'est plus l’àge d’or des Salons de
l’Académie Royale, où quelque deux cents ouvrages et les portraits
de La Tour appelaient au vieux Louvre une pimpante cohue décrite
par la pointe de Gabriel de Saint-Aubin; mais comme ce chiffre est
reposant quand même en regard des 8 396 envois, total des deux
Salons rivaux de 1914!

« Ce n’est pas le grand nombre, mais le choix des tableaux qui
rend les expositions brillantes », écrivait, en 1748, à Coypel M. Le-
normand de Tournehem, le directeur des Bâtiments qui disputait
au salonnier La Font de Saint-Yenne l’ingénieuse idée d’ouvrir
au public le Cabinet du Roi, berceau de nos chers musées; mais,
dans sa floraison restreinte, cette Exposition de 1919 peut-elle
passer pour « brillante » et mériter l’épithète par la sévérité de son
choix?

On n’oserait, à première vue, l’affirmer; car l’indispensable
qualité ne remplace pas infailliblement la quantité diminuée par
tant d’événements soudains! La consciencieuse analyse nous per-
mettra seule de répondre, en dehors de toute synthèse prématurée.
Au surplus, la présente exposition ne comporte guère d’autres consi-
dérations générales et préliminaires que celte comparaison de dates
et de chiffres, elle ne semble pas inspirer cette « philosophie du
Salon » que le réaliste Castagnary s’efforçait à dégager des trois
milliers d’ouvrages exposés en 1857 et que le regretté Roger Marx
rajeunissait ici même dans son lumineux Salon de 1895. L’ins-
tant n’est pas encore de conclure et de prévoir; mais l'heure n’est
plus do s’arrêter au parallèle, jadis ou naguère obligatoire, entre
deux Sociétés qui se ressemblent de plus en plus sous la patine
égalitaire des ans : dans l’insensible nivellement des « tendances »,
on ne reconnaît plus guère par où le Salon de la tradition se dis-
tinguait d’abord d’un Salon de combat.

A peu près seules, les brèves sections rétrospectives, où les morts
de l’année ont encore voix au chapitre, retiennent quelques nuances
d’une antithèse dorénavant surannée : en 1918, Degas, Rodin,
 
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