Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 15.1919)

GOYA ET LES PEINTRES ESPAGNOLS MODERNES

AU PETIT-PALAIS 1

Paris a fait connaissance avec
la peinture espagnole moderne.
Chaque chose vient à son heure,
dit Zadig. L’heure a sonné, et le
public s’est ébahi. Pour provoquer
cet ébahissement, il a fallu cer-
taines conjonctures favorables.
En mai 11)18, notre Académie des
Beaux-Arts organisait une expo-
sition d’art français à Madrid. Un
geste analogue était attendu de
l’Espagne. Elle le fit de très bonne
grâce en groupant ce printemps
au Petit-Palais vingt-deux Goya,
trois cent irente-sept peintures,
cinquante-neuf sculptures, enfin
vingt-quatre tapisseries Lissées par

(Appartient à M. le comte (le Villagonzalo.)

la manufacture de Santa Barbara
et appartenant à Sa Majesté le roi d’Espagne.

Exception faite de Goya, en marge du temps, le comité adopta
comme dates : 1870-1919. Cette période correspondait à celle qu’avait
fixée l’Exposition française à Madrid. C’est pourquoi les artistes espa-
gnols morts avant 1870 ne figurèrent pas au Petit-Palais. Il eût été
plus démonstratif de passer outre à cette considération de dates, et de
combler l’intervalle qui existe entre Goya d’une part, Frederico de
Madrazo et Mariano Fortuny de l’autre, par quelques œuvres signi-

1. Exposition ouverte du 12 avril au 31 mai 1919.