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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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Nr. 3
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Brière, Gaston: Un nouveau primitif français au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0262

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

1U

des chartes, comptes, mandements, inventaires, attestent qu’ils
furent attachés à tel roi ou seigneur, qu’ils exécutèrent telle image
de forme consacrée, pour les besoins du culte ou les usages de la vie
journalière; rares lueurs projetées sur leurs vies par l’éclat des
mécènes qui les employèrent. Le statut de la corporation parisienne
de 1391 nous apporte une longue liste de noms ; or, sur ces trente
peintres et sculpteurs que savons-nous? A part Jean d’Orléans, qui
figure en tète, Colart de Laon, Etienne Lenglier ou Lannelier, qui
signe entre eux et dont le nom réparait dans les archives du duc de
Berry, les tailleurs d’images et tombiers Thomas Privé et Robert
Loisel qui reçurent la commande de la sépulture du connétable
Duguesclin pour Saint-Denis, les autres demeurent enveloppés de
ténèbres. Furent-ils dédaignés des clients ou incapables? Les meil-
leurs, au contraire, se trouvaient-ils parmi ces inconnus7 II nous est
impossible de répondre; trop de documents ont disparu, trop de
lignes d’écriture n’ont pas encore été lues ou comprises; cette amère
constatation doit nous inciter à la prudence. Pour des époques où
les traits révélateurs de l’individu ne peuvent être reconstitués, où
le caractère de l’homme ne saurait être confronté à ses œuvres et les
éclairer, il semble vaiu de chercher à deviner des noms et sage de
se résigner à l’ignorance. Le meilleur emploi de l’activité des
archéologues est la recherche de ces exemples fragiles et charmants
de l’art de peindre, l’effort pour découvrir ceux qui se cachent
encore afin de les offrir à la vue et à la délectation. Ce sera témoi-
gner notre reconnaissance à ces artisans qui accomplirent leur tâche
simplement, sans prévoir probablement la curiosité qu'ils suscite-
raient ni les commentaires que leurs œuvres feraient naître, dési-
reux avant tout de livrer un ouvrage bien fait, en matériaux de
bon aloi, vaniteux probablement do leur habileté dont ils eurent
conscience, multipliant sur les matières ouvrées sorties de leurs
mains des preuves, que nous déchiffrons encore, de leur bonhomie
et de leur loyauté.

GASTON HRIÈRE
 
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