Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 15.1919)

MAURICE-QUENTIN DE LA TOUR

A PROPOS DE L’EXPOSITION AU LOUVRE
DES PASTELS DE SAINT-QUENTIN

Le musée du Louvre est
rouvert. Dans les anciennes
salles des dessins, auprès de
quelques-uns de nos plus rares
trésors très heureusement ras-
semblés là par M. Jean Guif-
frey, conservateur des pein-
tures, on a fait place aux pastels
de La Tour que possède la Ville
de Saint-Quentin et qu’elle a
consenti à prêter. Nous ne
sommes pas entrés dans ces
salles sans émotion. Pendant
près de cinq ans, nous avons
vécu dans un monde où la porte
des rêves semblait si lourde-
ment barrée de fer qu’il n’était
pas sûr qu’elle se rouvrit jamais;
la beauté u’apparaissait plus
à l’esprit que comme l’image lointaine de la princesse enchantée
se montrait au chevalier condamné à errer par le monde en com-
battant les monstres et les éléments déchaînés, sans connaître le
terme de son épreuve ni le succès de son effort. Fasse le ciel quelle
ne se referme pas!

C’est une joie profonde de revoir après si longtemps la Sainte
Anne et le Concert champêtre, Hendrikje Slo/fels et Y Embarque-
ment pour Cythère; c’est une grande joie aussi de retrouver les
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