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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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Nr. 2
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Alfassa, Paul: Maurice-Quentin de La Tour: à propos de l'exposition au Louvre des pastels de Saint-Quentin$nElektronische Ressource
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https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0144

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130

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

pastels de La Tour : nous avons eu si peur de les perdre! De tant
de choses de France belles ou charmantes, il ne reste que le sou-
venir; celles qui, prises dans l’orage, ont survécu nous soûl
devenues plus précieuses, plus chères. On les contemple comme
ces amis qui reviennent de loin, dont on prend les mains et qu’on
regarde anxieusement au visage pour s’assurer qu’ils n’ont point
de mal.

Les Allemands n’ont pas fait de mal à nos La Tour. Ils les
ont transportés en temps opportun à Maubeuge, où ils les ont
exposés. Ils les ont même « découverts » : un corps d’armée sta-
tionné à Bapaume a fait éditer sous son nom un ouvrage sur La Tour
où tous les pastels de Saint-Quentin sont reproduits, quelques-uns
en couleurs, avec une étude d’ensemble et des notices; une bande
imprimée passée sur la couverture porte l’annonce suivante :
« Das XIV. Reservehorps gibt franzôsische Kunst heraits! » Poudre
jetée aux yeux pour prouver qu’ « on n’est pas des barbares »,
grosse suffisance naïve à l’allemande, mais à quoi nous devons
peut-être de posséder encore les tableaux1.

Les voilà donc de retour, sans avoir souffert de leurs périlleux

1. Voici la traduction de la page de titre de la tre édition : Art français,
publié par un corps de réserve allemand. I : La. Tour, pastelliste du roi Louis XV.
89 reproductions d’œuvres d’art de Saint-Quentin, avec une introduction et des
notices par Hermann Erhard. Librairie et édition du corps de Bapaume, 1917. En
vente chez Piper et Cie, Munich. L’ouvrage, in-4°, imprimé à Stuttgart, est dédié
à Sa Majesté Guillaume II, roi de Wurtemberg. La préface de la 2' édition,
datée « 4917, en campagne », se félicite que les Allemands aient mis les
tableaux à l’abri des « obus anglais et français »; elle proteste qu’il n’est pas
question de se les approprier. Après avoir déploré la destruction de la basi-
lique de Saint-Quentin, elle ajoute avec ce tact germanique qui ne nous étonne
plus : « Il y a moins à regretter la ruine du monument sans valeur architec-
turale dans lequel les pastels étaient mal éclairés et défavorablement exposés.
Puissent-ils, après la guerre, trouver dans la patrie ressuscitée de leur auteur
une demeure claire et gaie! »

L’étude de M. Erhard n’est pas dépourvue d’intérêt ; les notices ne font guère
que paraphraser l’excellent Catalogue raisonné de M. Elie Fleury (Saint-Quentin,
1904, in-8 ill.), dont une nouvelle édition vient de paraître. On trouvera des
détails sur le sort des La Tour et sur l’ouvrage allemand dans l’article de
M. Fleury publié par la Revue hebdomadaire le 21 septembre 1918. Les Alle-
mands avaient exposé les pastels à Maubeuge, non sans recherche, avec d’autres
œuvres d’art « sauvées », dans le magasin « Au Pauvre Diable », aménagé à cet
effet. L’exposition, inaugurée officiellement le 1er juin 1917, a fait l’objet d’un
catalogue par le baron de Iladeln, « lieutenant de réserve », bien présenté et
illustré, mais très fautif. L’almanach pour 1918 de la Gazette des Ardennes,
contient un assez long article de M. Th. Demmler, écrit à la louange de ce musée
temporaire. On voit que la propagande était bien faite. Je dois communication
 
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