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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
au culte du Vinci. « Créature de Léonard et son héritier, il a », disait
le Ferrarais Albert Bendidio au duc son maître, « beaucoup de ses
secrets et toutes ses opinions. » Et tout cela, secrets et opinions, se
trouvait consigné dans les manuscrits rapportés à Vaprio d’Adda.
Melzi mourut; les dessins de Léonard, ces dessins dont Cellini
disait1 « qu’ils furent l’école de l’univers », et les précieux manus-
crits bondés de son génie, furent mis dans un grenier de la villa,
négligés et livrés aux rats et à la moisissure; puis on s’avisa de leur
prix bien des années après; ils furent partagés d’abord entre l’em-
phatique sculpteur Leoni et le roi d’Angleterre; enfin ils formèrent
trois groupes principaux, distribués entre l’Ambrosienne de Milan,
l’Institut de France et Windsor2.
La France conserve la gloire d’avoir donné son dernier asile au
maître du génie moderne. Si les ossements inutiles d’un Léonard
se sont perdus, ses plus beaux tableaux sont en France, et, puisque
la Cène est en ruines, on ne le connaît bien qu’ici. Récompense
superbe, donnée à la piété fdiale d’un François Fr envers le grand
Toscan. « C’est là mon maître et mon héros3 », dira plus tard
celui de nos peintres qui fut le mieux Iéonardesque. Ce fut l’hon-
neur du roi François, qu’il ait aimé, choyé, vénéré, gardé pour le
royaume jusqu’au dernier jour, ce héros de l’àge nouveau, maître
Léonard de Vinci.
1. Vita, éd. Biagi, p. 27, et éd. Bacci, p. 26.
2. L. Beltrami, Varietà vinciane : Un disegno di Leonardo da Vinci (Race, vin-
ciana, t. IV, 1908, p. 90-93.)
3. Prud’hon, Lettres de Rome, 1785 (Archives de l’art français, lrc sér., t. V,
PIERRE G A U T II I E Z
p. 114)
ENFANT JOUANT
DESSIN PAR LÉONARD DK VINCI
(JBibliothèque d château de "VViridbOr.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
au culte du Vinci. « Créature de Léonard et son héritier, il a », disait
le Ferrarais Albert Bendidio au duc son maître, « beaucoup de ses
secrets et toutes ses opinions. » Et tout cela, secrets et opinions, se
trouvait consigné dans les manuscrits rapportés à Vaprio d’Adda.
Melzi mourut; les dessins de Léonard, ces dessins dont Cellini
disait1 « qu’ils furent l’école de l’univers », et les précieux manus-
crits bondés de son génie, furent mis dans un grenier de la villa,
négligés et livrés aux rats et à la moisissure; puis on s’avisa de leur
prix bien des années après; ils furent partagés d’abord entre l’em-
phatique sculpteur Leoni et le roi d’Angleterre; enfin ils formèrent
trois groupes principaux, distribués entre l’Ambrosienne de Milan,
l’Institut de France et Windsor2.
La France conserve la gloire d’avoir donné son dernier asile au
maître du génie moderne. Si les ossements inutiles d’un Léonard
se sont perdus, ses plus beaux tableaux sont en France, et, puisque
la Cène est en ruines, on ne le connaît bien qu’ici. Récompense
superbe, donnée à la piété fdiale d’un François Fr envers le grand
Toscan. « C’est là mon maître et mon héros3 », dira plus tard
celui de nos peintres qui fut le mieux Iéonardesque. Ce fut l’hon-
neur du roi François, qu’il ait aimé, choyé, vénéré, gardé pour le
royaume jusqu’au dernier jour, ce héros de l’àge nouveau, maître
Léonard de Vinci.
1. Vita, éd. Biagi, p. 27, et éd. Bacci, p. 26.
2. L. Beltrami, Varietà vinciane : Un disegno di Leonardo da Vinci (Race, vin-
ciana, t. IV, 1908, p. 90-93.)
3. Prud’hon, Lettres de Rome, 1785 (Archives de l’art français, lrc sér., t. V,
PIERRE G A U T II I E Z
p. 114)
ENFANT JOUANT
DESSIN PAR LÉONARD DK VINCI
(JBibliothèque d château de "VViridbOr.)