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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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Nr. 1
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Homo, Léon Pol: Les musées de la Rome impériale, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0033

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

nous surprendre et meme choquer nos idées modernes. Nous n’ima-
ginons pas la Vénus de Alilo ou la Victoire de Samothrace sur la
place de quelqu’une de nos grandes villes modernes, mais à Rome,
il faut le dire, la question se posait sous une forme sensiblement
différente. La similitude du climat de Rome avec celui de la Grèce
ou des pays d’où provenaient la plupart des œuvres exposées,
l’analogie au moins générale du cadre et la vie de plein air, qui est
une des caractéristiques essentielles des pays méditerranéens, ren-
daient le procédé romain beaucoup plus acceptable.

D’ailleurs, à Rome, on tenait beaucoup à la publicité des œuvres
d’art. Nous connaissons à cet égard quelques faits particulièrement
significatifs : « Parmi les statues », nous dit Pline, « il y en a une
qu’il ne faut pas oublier, bien que l’auteur en soit incertain ; elle
se trouve près de la tribune aux harangues; c’est un Hercule revêtu
de la tunique, le seul qui soit à Rome dans ce costume. La figure est
contractée et le bronze exprime l’agonie du héros dans celte tunique.
Cette statue porte trois inscriptions : la première nous apprend qu’elle
lit partie des dépouilles conquises par L. Lucullus imperator; la
seconde, que le fils de Lucullus, encore pupille, l’a consacrée en vertu
d’un sénatus-consulte ; la troisième, que T. Septimius Sabinus, édile
curule, l’a rendue au public, de propriété particulière qu’elle étail
devenue. Telle est la rivalité dont cette statue a été l’objet, tel est
le prix qu’on y a attaché. »

Un autre fait se rapporte à la fameuse Maison Dorée de Néron. On
avait amèrement reproché à cet empereur d’avoir confisqué à son
prolit exclusif tout un quartier de Rome : « Là où le radieux Colosse »,
écrit le poète Martial, « contemple les astres de près, où la voie
agrandie se prête au jeu des machines de théâtre, resplendissait
naguère dans'toute sa magnificence l’odieux palais d’un tyran, et ce
palais à lui seul remplissait la ville entière. Là où s’élève aujour-
d’hui l’imposante masse d’un magnifique amphithéâtre se trouvaient
au milieu les étangs de Néron. Là où nous admirons ces Thermes
construits avec tant de rapidité et dont le luxe nous étonne, étail
un champ agrandi aux dépens des maisons de quelques malheureux.
Là enfin où nous voyons s’étendre le Portique de Claude se termi-
naient les bâtiments du Palais impérial. » Le reproche ne portait pas
seulement sur l’immense espace de terrain enfermé dans le périmètre
de la Maison Dorée, mais aussi sur les œuvres d’art accumulées par
Néron dans son palais. Pline nous parle avec aigreur des « œuvres
d’art enlevées violemment par Néron, apportées à Rome et disposées
 
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