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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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Algoud, Henri: Étoffes anciennes à „boucles" d'or et d'argent
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https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0115

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10 “2

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Rendons grâce de la mésaventure instructive au soin du copisle,
préoccupé, en intercalant ces tissus entre les feuillets de son texte,
d’en préserver les enluminures; mais ne nous étonnons point après
tout qu’elle puisse fréquemment trouver son analogue dans un
domaine oii la dextérité chinoise, s’il faut en croire certaines cita-
tions, s’est exercée depuis au moins 2698 avant Jésus-Christ.

Mais de plus, dans l’analyse de certains tours de force —ou tours
de main plutôt — de tissage, il faut avouer que l’on demeure souvent
assez embarrassé; reconstituer un secret d’exécution quand la tradi-
tion ne l’a pas transmis est parfois une entreprise ardue.

C’est le cas pour les étoffes anciennes dites à « bouclés » d’or et
d’argent et le problème de leur réédition de nos jours s’est posé non
sans quelques difficultés.

Certes, la sagacité patiente de nos fabricants leur a bien permis
de parvenir à la reproduction fidèle de quelques-unes de ces étoiles,
non pas sans grands frais et pour d’assez faibles métrages au total.
Mais qu’est-ce que cela en comparaison de la quantité véritable-
ment surprenante de ces bouclés qui furent d’un usage si répandu
surtout au moment de la Renaissance?

Une preuve en est déjà donnée par le nombre assez significatif
de spécimens de ce genre qui ont été recueillis dans nos musées ou
nos collections particulières, tandis que quantité d’autres ont dû
disparaître, cédant aux injures du temps.

Puis, un précieux moyen d’investigation confirme dans l’idée
qu’un tissage paraissant aujourd'hui hérissé de difficultés devait
être d’ordre à peu près courant dès le xve siècle : c’est l’étude de
nombreux tableaux italiens ou flamands de celte époque, comme
aussi du xvie et encore du xvne siècle, dans lesquels lesdits « bou-
clés » figurent assez fidèlement indiqués et témoignent de leur utili-
sation très recherchée, notamment pour les vêtements sacerdotaux.

Il est vrai de dire que ce décor n’était, le plus souvent, qu’une
manière de raffinement apporté à la belle ordonnance générale de
tissus déjà somptueux; c’est principalement, en effet, à des velours,
façonnés eux-mêmes de dessins aux grandes et très grandes propor-
tions, que l’on trouve appliqué cette sorte de rehaut.

()n sait que le velours, riche et séduisant tissu dont l’origine
demeure entourée d’obscurité1, fut adopté avec le plus vif empres-
sement par l’Europe quand elle en reçut la révélation de l’Orient.

1. Cf. H. Algoud, Le Velours ; Paris, Massin, 1912.
 
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