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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0125

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I D2

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de 1835 Je rebute, et, maudissant Paris, il retourne en Hollande, où il va
séjourner cinq années. Des embarras pécuniaires, causés en grande partie
par de trop fréquents séjours au cabaret qui en viennent même à altérer sa
santé, le rejettent vers ses amis de France, et l’un d’eux, le marchand de tableaux
Martin, organise à son intention une vente d’une centaine d’œuvres offertes
par divers de ses confrères, et non des moindres : Corot, Diaz, Daubigny,
Deamps, Th. Rousseau, Isabey, J.-L. Brown, Pils, Ifarpignies, Ziem, etc.
M. Moreau-Nélaton a transcrit, pour la satisfaction de notre curiosité, Je cata-
logue et les prix de cette vente, qui produisit net 3 686 francs 80. Heureuse
époque où l’on pouvait acquérir un Corot pour 183 francs, un Daubigny ou un
Isabey pour 98, un Diaz pour 330, un llarpignies pour 50, un Théodore Rous-
seau pour 460, un dessin de Troyon pour 54 ! ... Quand il revient à Paris, le mal-
heureux Jongkind est dans un tel état de déchéance physique et morale, qu’il
semble un homme fini. La sollicitude de ses amis, le dévouement d’une femme,
Mme Fesser, qui devint son bon génie, parviennent cependant à le remettre
sur pied et à le replonger dans le travail. Tour à tour, à Paris, sur les plages
de Normandie, où il se lie avec Eugène Boudin, en Nivernais, il accumule cro-
quis et peintures. Les mauvais jours ne sont pas encore terminés; cependant,
à travers des alternatives d’échecs et de succès (sa participation au célèbre
Salon des Refusés, en 1863, en est un épisode), peu à peu les commandes
arrivent, sa situation devient presque florissante, ses tableaux de Honlleur
l’ont sacré « rénovateur du paysage moderne » ; ses œuvres, auxquelles vont
s’ajouter des notations peintes ou dessinées, d’un métier de plus en plus magis-
tral, rapportées de deux nouveaux voyages en Belgique et en Hollande et de
son séjour à Nevers durant la guerre de 1870, sont célébrées par des critiques
comme Baudelaire, Burty, Zola, les Goncourt. Désormais sa réputation est
solidement assise. Il en est temps, du reste, car la tranquillité est nécessaire
à sa santé fortement ébranlée, et c’est dans le calme des champs, à la Côte
Saint-André, illustrée par Berlioz, où le fils de Mme Fesser avait acquis une
propriété pour sa mère, que de 1878 à sa mort, survenue en 1891, il va, presque
sans discontinuité, passer le reste de sa vie, amassant une nouvelle et abon-
dante moisson de croquis et d’aquarelles.

Usant de la méthode qui lui avait si bien réussi pour Delacroix, c’est en
grande partie à son héros même que M. Moreau-Nélaton a confié le soin de
nous conter en détail toute cette histoire, au moyen de nombreuses lettres
inédites où la physionomie et le labeur de l’artiste se peignent en toute vérité
et qu’il a reliées et complétées par des documents et des souvenirs recueillis
de témoins de sa vie, et l’intérêt de ce récit si vivant se trouve encore rehaussé
par les innombrables et fidèles reproductions en phototypie des peintures,
aquarelles et croquis les plus significatifs de l’artiste, depuis ses débuts jus-
qu’à sa mort.

AUGUSTE MARGUILLIER

Lo Gérant : Ch. Petit.

PARIS.

TYP. PHILIPPE RENOUA R II.
 
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