Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 15.1919)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

souvenir d’un lointain voyage au pays des chefs-d’œuvre, et son
renouveau, qui hantait les songes d’un jeune peintre, était devenu,
quelque temps avant la guerre, une réalité. Mais on observera que
les deux protagonistes de celte renaissance inespérée ne figurent
pas au Salon : l’un est un vieillard, classique élève de Gleyre, qui
terminait à la fin de 1910 le plafond délicatement nuancé du pour-
tour du Petit-Palais, M. Paul Baudouin; l’autre, en pleine maturité
studieuse, est un des chercheurs les plus audacieux sortis de l’ate-
lier Gustave Moreau, M. René Piot; et le vieux professeur de
l’Ecole n’apparaît pas un technicien moins convaincu, dans sa
haute sagesse, que l’impétueux coloriste qui vient d’apporter sa
collaboration pittoresque au musicien Florent Schmitt dans la mise
en scène de la Tragédie de Salumé\ de part et d’autre, aux deux
pôles de Part actuel, nous trouvons donc la fresque. Cependant,
faute de murs à couvrir, les mieux doués de nos décorateurs se
refont paysagistes. Au surplus, qui ne se méfierait de tous ces pro-
jets de monuments commémoratifs suggérés par la victoire?

Comme l’art contemporain, toujours si neutre et si pauvre d’in-
vention sous sa richesse apparente, celte « Exposition » parait vrai-
ment trop éclectique pour inspirer des conclusions développées : de
la fadeur au délire, de la routine adroite et satisfaite à l’anxiété
d’innover, nous avons jalonné la route avec quelques œuvres solides
ou brillantes et plusieurs talents éprouvés qui n’en sont plus à
l’heure des promesses, — mais sans rencontrer nulle part l’équiva-
lent d’un Géricault, dont La Méduse fit scandale au Salon de 1819,
ni le nouveau Puvis de Chavannes qu’il nous plaisait d’imaginer
dans les soirs d’angoisse... Eugène Lèmercier n’est plus. Et
d’abord, peut-on disserter de l’avenir de l’art, quand l’univers lui-
raèmc ignore encore de quoi demain sera fait?

H A Y M OKI) li O U Y E U

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