DOI issue:
Nr. 3
DOI article:Doin, Jeanne: Goya et les peintres espagnols modernes au Petit-Palais
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.24917#0285
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
avec le même plaisir; harmonie jaune el verte d’un jardin
princier, amandiers en fleurs, parterres, grandes allées, invitent à
des siestes ou à des apartés. Lui seul, dans l’ccole moderne, semble
avoir des yeux pour voir et un cœur pour comprendre la nature
admirable.
Au sujet de la sculpture espagnole, on pourrait ouvrir une
enquête, afin de savoir pourquoi, dans un pays où les types sont si
beaux et si divers, le ciseau est resté inactif ou médiocre. Est-ce
indolence? Est-ce crainte de travailler d’après le nu, ou incompré-
hension totale des lois de la statuaire ?
Au xvm° siècle, des sculpteurs français étaient employés par les
rois d’Espagne. Ils ont laissé des noms : c’était Jean Thierry, c’était
ltené Frémin, c’étaient les frères Dumandré et enlin Robert Michel.
Tout à fait oubl iés, leurs confrères espagnols ne produisaient à cette
époque que des œuvres prétentieuses ou absurdes. Survint une
réaction qui instaura au début du xixe siècle l’imitation servile du
canon grec et romain. Puis l’influence de la sculpture française se
fit derechef sentir. Sans doute les bustes de M. M. Benlliure y fi il
sont vigoureux el bien exécutés; sans doute le Torse de M. Moisès
Iluerlas dérive des préceptes de Rodin; sans doute on peut citer
une jolie tète d’enfant de M. I. Pinazo Martinez et les envois de
MM. V. Macho, L. Coullaut Valera, J. Bilbao y Martinez, L. et
M. Oslé ; mais qui donc fera jaillir de la glaise le génie national?
Une surprise est possible. L’art moderne espagnol est en effer-
vescence, et son essor, favorisé depuis peu, permet tous les espoirs.
Quand l’Espagne rejettera le cosmopolitisme qui altère encore son
naturel, l'épanouissement pressenti hier en peinture se généra-
lisera. Dans l’œuvre collective, la meilleure part reviendra aux
artistes qui auront déterminé le caractère essentiel du pays. Ainsi
leurs découvertes fécondes enrichiront le patrimoine universel.
JEANNE 1)01 N
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
avec le même plaisir; harmonie jaune el verte d’un jardin
princier, amandiers en fleurs, parterres, grandes allées, invitent à
des siestes ou à des apartés. Lui seul, dans l’ccole moderne, semble
avoir des yeux pour voir et un cœur pour comprendre la nature
admirable.
Au sujet de la sculpture espagnole, on pourrait ouvrir une
enquête, afin de savoir pourquoi, dans un pays où les types sont si
beaux et si divers, le ciseau est resté inactif ou médiocre. Est-ce
indolence? Est-ce crainte de travailler d’après le nu, ou incompré-
hension totale des lois de la statuaire ?
Au xvm° siècle, des sculpteurs français étaient employés par les
rois d’Espagne. Ils ont laissé des noms : c’était Jean Thierry, c’était
ltené Frémin, c’étaient les frères Dumandré et enlin Robert Michel.
Tout à fait oubl iés, leurs confrères espagnols ne produisaient à cette
époque que des œuvres prétentieuses ou absurdes. Survint une
réaction qui instaura au début du xixe siècle l’imitation servile du
canon grec et romain. Puis l’influence de la sculpture française se
fit derechef sentir. Sans doute les bustes de M. M. Benlliure y fi il
sont vigoureux el bien exécutés; sans doute le Torse de M. Moisès
Iluerlas dérive des préceptes de Rodin; sans doute on peut citer
une jolie tète d’enfant de M. I. Pinazo Martinez et les envois de
MM. V. Macho, L. Coullaut Valera, J. Bilbao y Martinez, L. et
M. Oslé ; mais qui donc fera jaillir de la glaise le génie national?
Une surprise est possible. L’art moderne espagnol est en effer-
vescence, et son essor, favorisé depuis peu, permet tous les espoirs.
Quand l’Espagne rejettera le cosmopolitisme qui altère encore son
naturel, l'épanouissement pressenti hier en peinture se généra-
lisera. Dans l’œuvre collective, la meilleure part reviendra aux
artistes qui auront déterminé le caractère essentiel du pays. Ainsi
leurs découvertes fécondes enrichiront le patrimoine universel.
JEANNE 1)01 N