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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 15.1919

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Nr. 3
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Guillemot, Maurice: Champmartin (1797 - 1883)
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2î)8 GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Quand on voudra plus lard étudier les peintres de notre temps,
les documents apparaîtront nombreux, dans les revues d’art, dans
les collections techniques des éditeurs, dans les monographies rédi-
gées du vivant du modèle et souventes fois avec sa collaboration
intéressée; et pour les critiques de plus tard combien précieuse sera,
par exemple, une excursion à travers la Gazette des Beaux-Arts\ 11
n’en va pas de même pour les personnalités des générations pré-
cédentes : les renseignements sont rares et épars dans de vieux jour-
naux; quelques lignes de compte rendu en des Salons (très peu ont
été réunis en volume), des incidents de biographie consignés dans
des recueils de souvenirs, des lettres retrouvées dans des cabinets
d’autographes ou chez des descendants, et cela force à des recherches
de bibliothèque, à des lectures parfois fastidieuses, alin de découvrir
une ligne utile; il faut feuilleter des annales, des livrets, des bro-
chures, pour se pénétrer de l’ambiance contemporaine, pour replacer
l’artiste en son milieu, pour reconstituer sa vie de production, obscure
ou célèbre, bafouée de critiques ou chargée d’honneurs. L’œuvre de
Champmartin mérita d’abord les plus grands éloges, puis encourut
les plus méprisantes appréciations; grand ami inséparable de Dela-
croix, il fut considéré un instant comme son rival, mais, tandis que
le génie de celui-ci se développait, se renouvelait, s’affirmait inces-
samment avec une fécondité extraordinaire, lui se monotonisait peu
à peu dans une formule de portrait, répétée à satiété et dont ses
plus fidèles admirateurs se lassèrent. Avec le recul et une vue
d’ensemble, on peut, sans exagération de louange ou de blâme,
situer cette figure d’artiste à mi-côte de la renommée. Nous lui
gardons d’ailleurs une indulgence sympathique pour son titre de
« peintre romantique »; malgré la grande vague de réalisme qui
déferle dans l’histoire de l’art français, depuis les frères Le Nain jus-
qu’à Ralfaëlli, en passant par Courbet et Manet, malgré l’impression-
nisme qui restreint le domaine de l’artiste, en proscrit l’imagination,
la fantaisie, l’idéalisation, nous subissons tout de même l’attrait de
cet au-delà où nous emmène le Romantisme, et, quoiqu’on veuille,
nous sommes du pays de Cyrano, nous avons peine à égaler le
Compotier de pommes de Cézanne à Y Entrée des Croisés à Constan-
tinople de Delacroix.

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❖ *

Charles-Emile Callande de Champmartin naquit à Bourges (Cher),
le 2 mars 1797, entra à l'Ecole des Beaux-Arts le 25 février 1815,
 
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