Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 15.1919)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ment faisant halte n’est connu aujourd’hui que par la gravure de
Cochin et par une toile du musée de Glasgow d’assez grandes dimen-
sions (0,63x0,80) où l’on s’accorde à reconnaître une copie.

De la Recrue allant joindre le régiment, il existe au contraire
plusieurs répliques connues; un panneau sur cuivre à Paris, dans la
collection Edmond de Rothschild; une toile (0,48x0,60) au Musée
de Nantes; une autre toile (0,63X0.80) au musée de Glasgow, fai-
sant pendant au Détachement faisant halte que je viens de citer.
Enfin, dans leur catalogue de l’œuvre de Watteau, les Concourt
indiquent1 : « Le tableau de la Recrue. Bois, H. 0,23; L. 0,36;
peinture noircie et un peu perdue par l’abus de l’huile grasse, mais
p dnture toute fluide et aiguillée dans une tonalité glaiseuse de petils
coups de pinceau spirituels; se trouve en possession de M. Sichel. »
De même P. Mantz cite2 3 : « La Recrue... que Watteau a gravée dans
une eau-forte terminée par Thomassin, et qu’il a également peinte
dans un panneau assez délabré qui, en 1875, était entre les mains de
M. A. Sichel2 ».

C’est ce panneau Sichel — nous l’appellerons ainsi pour plus de
commodité — que j’ai reconnu dans la belle collection, riche
surtout en dessins de maîtres, qu’en 1915 le comte de Saint-Genys a
léguée au Musée Pincé à Angers. On en trouvera ici une reproduc-
tion encore inédite. Pour confirmer cette identité qui m’avait
frappé, j’aurais souhaité découvrir quelque indication formelle.
Dans , ses notes, que l’aimable conservateur du Musée Pincé,
M. Recouvreur, a bien voulu fouiller pour moi, M. de Saint-Genys
souligne, en transcrivant le passage du catalogue des Concourt qui
y a trait, l’identité de son tableau, comme sujet et comme grandeur,
avec celui de la collection Sichel; il ne donne malheureusement
aucune indication de provenance qui permette d’en retrouver la
trace exacte. Aucun doute pourtant ne saurait s’élever sur l’identité
du panneau Sichel avec celui du Musée Pincé : peint sur bois,
celui-ci correspond exactement à la description des Concourt et aux
dimensions qu’ils indiquent. Si la peinture n’apparaît peut-être pas
« noircie et un peu perdue » au point où l’on s’y attendrait, c’est sans
doute le fait d’un nettoyage effectué récemment en même temps

1. L’œuvre peint dessiné et gravé d'Antoine Watteau; Paris, 1875, p. 12.

2. Antoine Watteau; Paris, 1892, p. 57.

3. 11 se peut bien que P. Mantz n’ait pas vu le panneau en question et qu’il
se réfère, en indiquant la date de 1875, au passage cité du catalogue des Gon-
court, paru cette année-là.