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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 6.1922

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Nr. 1
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Mandach, Conrad von: Le symbolisme dans les dessins de Jacopo Bellini
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https://doi.org/10.11588/diglit.24937#0069

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

jettent une vive lumière sur les conditions morales et intellectuelles au milieu
desquelles ont travaillé les peintres du quattrocento, elles nous permettent
aussi de mieux apprécier la valeur de l’artiste qu'était Jacopo Bellini.

*

* #

Les sources de Jacopo Bellini étaient nombreuses. Le plus souvent, il
recourait à des renseignements verbaux, comme le conseillait Leon Battista
Alberti. De là provient la difficulté que nous éprouvons par moments à expli-
quer le sens de ses compositions. Le recueil du Louvre, il est vrai, est suivi
d’un catalogue presque contemporain, qui nous tire parfois d’embarras. Mais
ses indications, très vagues en général, ne sont pas toujours exactes. Ainsi le
Samson du dessin 87 y est désigné à tort sous le nom d’Hercule. Selon toute
apparence, l’auteur de cette nomenclature s’abuse également en considérant
la tête tranchée représentée dans le dessin 4o comme étant celle d’Annibal.
A notre connaissance, aucun historien n’a raconté que Prusias, l’oi de Bi-
thynie, se soit fait apporter la tête d’Annibal. Les récits sont, au contraire,
unanimes pour affirmer que le héros carthaginois s’est donné la mort lui-
même, contre le gré des Romains qui eussent voulu l’appréhender vivant.
Le peintre n’a-t-il pas plutôt transcrit l’un de ces deux faits : le consul romain
Claudius Néron recevant la tête d’Asdrubal, ou encore la tête de ce même
Asdrubal présentée à Annibal par ordre du consul ? Du moins, ces deux
scènes ont-elles été représentées dans un manuscrit italien de la fin du
xve siècle, le Romulêon de l’Arsenal, publiépar M. Henry Martin1. Elles ne
devaient donc point être étrangères au répertoire delà Renaissance italienne.
La Présentation de la tête d’Asdrubal à Annibal nous semble d’ailleurs avoir
été figurée dans lê tableau de la collection Bordonaro à Palerme, de l’école de
Piero délia Francesca, dans lequel on a vu Hérode recevant la tête de saint
Jean-Baptiste '1. Avec son indépendance habituelle, Jacopo aurait situé dans
un édifice une scène que d’autres, plus respectueux des textes, ont placée
en plein air.

Une autre miniature du Romulêon : Caton d’Utique faisant combattre son
armée contre des serpents, offre de curieuses ressemblances avec certaines pa-
ges de Bellini. Les dessins 4g, 5o et 80 du Louvre, 17 et 111 de Londres
figurent également des luttes entre guerriers et dragons. Certes, ils surpassent
de beaucoup la miniature naïve du Romulêon par la liberté, la fougue, la
puissance que l’artiste a su inspirer aux mouvements de ces monstres. Nous 1 2

1. Les Joyaux de l’Arsenal. II: Le Romulêon ; Paris, Berthaud frères, pl. IX.

2. Reproduit dans le Répertoire de peintures de M. Salomon Reinach ; Paris, Leroux,
t. III, p. 602.
 
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