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plantés au dessus du front. Ces cheveux tran-
chants sur les autres d'un noir complet, ce
regard qui porte au cœur je ne sais quelle
immense tristesse, l'expression de cette tête
ravissante, tout semble révéler, dans la vie
éphémère de cette jeune fille, quelque drame
douloureux qu'on voudrait connaître et qu'on
craint de deviner. M. Tuerlinckxest poumons
un des rares exposants belges qui compren-
nent le portrait de femme. — M. Carlièr a.
je suppose, tenté un tour de force qu'il aura
apprécié comme il le mérite et qu'il ne renou-
vellera plus, il faut l'espérer. — M. Van Ha-
vermaet chipasse la mesure dans la reproduc-
tion méticuleuse et trop cherchée du système
poreux et ridé des chairs. Passer le but n'est
pas l'atteindre,devrait-il se dire en peignant les
vieillards de préférence avec une brutalité et
une absence d'élégance sur lesquelles j'appelle
l'attention de cet excellent artiste. Quant aux
tètes plus jeunes, je ne vois pas qu'il y ait pro-
grès.— De M. Lambrichs je signalerai de bons
portraits parfois un peu secs. D'autres sont très-
largement et très-fermement brossés et pensés
par M. Bourson. Mme Geefs a peint dans une
gamme fraîche et riante le portrait de son
mari, très-ressemblant,d'allure très-distinguée
et rendant parfaitement le caractère doux et
méditatif du modèle. M. Hennebicq doit aussi
être mentionné ici pour un portrait de femme
ainsi que M"e Julia Behr qui nous a envoyé le
portrait en pied de la pauvre Gabrielle Plat-
teau si vite envolée. C'est ce même portrait,
exposé à Londres il y a quelques mois et
qui y a obtenu un si légitime succès. Je
m'arrête ici sans renoncer aux portraitistes
que je rencontrerai sur ma route, ni sans re-
noncer à revenir sur ceux dont j'ai déjà parlé,
si la nécessité s'en présentait.

Revenons à nos historiens : M. Ooms a fait
une œuvre très-recommandable. Il convient
de s'y arrêter, d'autant plus qu'il y a dans le
genre historique, ainsi compris, un avenir sé-
rieux pour tout le monde. Philippe II roi
d'Espagne , rendant les derniers honneurs à
son frère Don Juan d'Autriche etc. Finissons-
en tout de suite avec le côté désagréable de
notre besogne et disons à M. Ooms que cela
rappelle un peu beaucoup, comme disposition,
les Trentaines de Berthal de Ilaze de Leys '.
secondement que le visage de Philippe II ne
trahit point du tout, mais du tout, le genre
d'émotion qu'il éprouva devant le cadavre de
son frère et finalement que le seigneur de
droite, qui se penche pour regarder la tête du
cadavre, n'est pas dans l'esprit de son rôle.
Sauf cela, ce tableau est très-bien compris, et
il y a, dans l'ensemble de la scène, quelque
chose de simple et de vrai qui vous saisit de
suite. C'est digne, c'est convenablement inter-
prété sans exploitation, sans pression sur les
yeux ou sur la curiosité vaine et absolue.
C'est une page bien pensée, bien écrite et qui
se fait lire avec charme et profit. Je félicite
très-haut 31. Ooms de son tableau et de son

succès. Sa manière de peindre mérite aussi
tous nos éloges par son absence de charlata-
nisme. Pas n'est besoin ici d'une affiche criarde
pour allécher le public; c'est peint tout bon-
nement comme peignaient les maîtres d'autre
fois et comme peignent encore les maîtres
d'aujourd'hui.

J'ai des éloges du même genre à décerner
à un autre artiste qui est dans une voie sem-
blable : je veux parler de M. Vinck, cet
excellent coloriste que l'amour du gothique
avait poussé à en exagérer les défauts ainsi
que son illustre maître. Aujourd'hui nous
assistons au spectacle réconfortant d'un retour
à la vérité. Que M. Vinck soit le bien venu et
puisse-t-il persévérer dans une voie que nous
eûmes l'honneur de lui indiquer ainsi qu'à
bien d'autres, il y a une quinzaine d'années,
sans succès alors. Nous n'avons, en aucune
façon, l'envie d'insister sur ce triomphe des
idées émises et défendues par le Journal des
Beaux-Arts; nous nous bornerons simplement
à l'enregistrer. Donc, M. Vinck s'est mis à
faire de la peinture d'histoire, simplement,
laissant de côté le détail archaïque et le mode
non moins archaïque de traiter les personnages
à la façon de quelque vieux maître des bords
du Rhin. Il nous représente Charles le Bon
faisant vendre le blé des accapareurs à Bruges,
en 1428. La scène est originalement placée
sur le perron du palais du prince qui préside
sans forfanterie, sans exagération à l'acte ré-
parateur et populaire qui, hélas! ne le sauva
pas du fer des assassins. Les accapareurs
fuyant émus et troublés, le peuple approuvant
la justice de son prince, les ministres et autres
personnages de la cour, tout cela est groupé
de façon originale sans cesser d'être naturelle.
Il faut louer aussi le coloris fin, pittoresque et
solide de cette toile, une des plus distinguées du
Salon. — Je voudrais dire de M. Van Hammée
tout le bien que j'aimerais à en penser; naaï-
heusement son Marc-Antoine et Cléopâtre ne
montre guère en lui qu'un excellent praticien.
Espérons qu'à une prochaine exposition nous
aurons une œuvre plus digne de son tempé-
rament. Quant à son Ensevelissement du Christ
je ne l'ai pas encore rencontré. — M. Henne-
bicq a attaqué de front un sujet d'une difficulté
inouïe, attendu que l'intérêt qu'il offre réside
beaucoup plus dans sa subjectivivé que dans
dans son objectivité : Le Doge Foscari. Tout
le monde connaît cet épisode de l'histoire
de Venise, et l'on doit dire que M. Hen-
nebicq l'a compris aussi bien que pos-
sible. Aussi faut-il reconnaître ici une œuvre
d'élite, non moins par l'intelligence apportée
à l'interprétation, que par l'exécution. Celle-
ci est d'un artiste qui est maître de lai et qui
connaît les secrets de son art. En vérité, lors-
que l'on considère quelques-uns de nos expo-
sauts égarés jadis par des entraînements
déraisonnables, revenus aujourd'hui à de plus
saines notions, on se prend à avoir confiance
dans l'avenir de notre école. Les De Vriendt,

Hennebicq,Vinck, Ooms, Meunier, Cluysenaar,
Hermans et d'autres qui n'ont pas encore dé-
pouillé tout à fait le vieil homme ou,si l'on veut,
le jeune homme, ceux-là, disons-nous, malgré
certaines attaches encore visibles, feront l'hon-
neur de ce temps si troublé, si indécis, si di-
vers. Dansle genre proprement dit, nous ren-
contrerons les mêmes espérances. Il est bien
entendu que nous parlons de la pléiade nou-
velle apparue dans ces vingt dernières années.

M. Verlat nous revient d'Orient avec un
sujet peu neuf et d'un intérêt contestable,
mais enfin c'est magistralement traité et la
grillé du lion y est. — M. Stallaert que l'on
peut beaucoup mieux juger d'après les belles
peintures de la Banque nationale, a exposé
une Polyxène immolée sur le bûcher d'Achille
et une bonne étude, L'Accordéon. Polyxène
est un morceau caressé avec cette tendresse
que M. Stallaert éprouve généralement pour
ses sujets. Le poète domine l'artiste, et, ici
encore, ou retrouve le rêveur que la donnée a
envahi. La charmante vierge-épouse d'Achille
est traitée avec un soin exquis, dans ces tons
doux et vaporeux qu'affectionne l'artiste et
elle rappelle bien à la mémoire sa triste et
cruelle odyssée. Celte peinture émue qui
n'aurait rien perdu à être traitée un peu plus
en grand, est en elle-même une petite leçon
dont le public devrait savoir profiter. S'il était
plus instruit, s'il n'affectait pas un dédain
intéressé pour les magnificences homériques,
la somme de ses jouissances serait bien plus
grande et nul doute qu'il ne s'arrêtât alors
avec le même intérêt devant la Poli/xène de
Stallaert, que devant n'importe quel mangeur
de moules, celui-ci lut-il un chef-d'œuvre.
C'est aux artistes à instruire les foules ; ils ne
l'oublient que trop souvent. -- M. Mellery,
dans sa Mère des Gracques, n'est pas heureux.
Le sujet, par trop académique, n'est pas re-
présenté comme il devrait l'être et l'on s'v
perd. L'archaïsme y brille par son absence,
et, si je puis y louer quelques passages bien
peints, j'y rencontre des parties mollement
et incorrectement dessinées. Les Colmnbaria
de Rome et la Cour de Pisani à Venise, ont un
cachet bien autrement artistique. C'est brossé
en maître et jeté comme des esquisses ser-
veuses. M. Mellery arrivera, mais sa voie n'est
pas encore trouvée. —M Bonet a exposé Les
deux mères du jugement de Salomon, au mo-
ment où la mauvaise mère substitue le cadavre
de son enfant mort à celui de l'enfant vivant
reposant près de sa mère endormie. Peinture
sage, effet senti et bien rendu, poses natu-
relles, draperies faciles, dessin correct. C'est
une œuvre qui n'est pas à vrai dire le coup
de pistolet de l'artiste, mais, en revanche, elle
nous le montre avec une somme de qualités
où d'incontestables progrès se font sentir et
apprécier. — Que voulez-vous qu'on dise du
Philippe Van Artevelde de M. Vander Ouderaa
autre chose que ceci : sujet mal compris et
mal rendu, exécution serrée et où l'on re-
 
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