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147 —

marque des qualités révélant un véritable
tempérament d'artiste. M. V. d. 0. n'a pas le
discernement voulu pour la répartition de
sujets compliqués. Il fera mieux de s'en tenir
à des données très simples ; comme coloriste,
il y réussira. — M. H. Schaefels conserve et
fortifie sa puissante originalité et son faire
exceptionnel. Sa composition est d une fougue
admirable; nul n'a su donner comme lui aux
acteurs qu'il met en scène la furie du combat,
la haine de l'ennemi, le mépris de la mort.
On se sent comme pris d'enthousiasmes in-
times en présence de ce monde englouti dans
la défaite ou la victoire. C'est à n'y pas croire!
M. Schaefels peint comme il sent et sa brosse
incruste dans sa toile ses personnages, comme
s'il les prenait tout d'une pièce dans son cer-
veau. Tout cela est empreint d'une grandeur
magistrale : dans le jeu des nuages , la
mâture des vaisseaux, la fumée de la poudre,
le jeu des vagues, les lointains fuyants; en un
mot, M. H. Schaefels n'a point de rival dans
un genre dont il peut se vanter d'être le
créateur en Belgique et ailleurs, car je vou-
drais bien qu'où me citât un seul artiste qui
pût lui être comparé. Je ne vois guères que
les Anglais du commencement de ce siècle
chez qui l'on pourrait rencontrer de sembla-
bles interprêtes. — M. Van den Bussche a
peint un 1812 très expressif et très drama-
tique. Les deux groupes sont réussis, mais
peut-être peints dans une coloration trop
accusée. A cela près, ce tableau a de la valeur
et émeut sincèrement. — Rêvant à la patrie,
de Mme Geefs, est une toile où l'air circule et
où la lumière brille; une jolie tête de femme,
bien assise et gracieusement accroupie, un
charmant bébé et un personnage dont la sil-
houette réfléchie nous a rappelé le profil de
G. Geefs, forment le groupe où la main de
l'artiste qui semble encore en progrès, a ren
versé sa palette toujours fraîche et rosée comme
une journée de printemps. — De M. Portielje
citons une jolie création : Ophélie, très intel-
ligemment et très poétiquement conçue, ,1e
marquerai spécialement la tête d'Ophélie et
l'entourage supérieur. C'est d'une gracilité et
d'une pureté dignes du sujet. -De M. Duwée
on regarde non sans intérêt un Enfant aban-
donné et la Femme du bravo dont le ton siro
peux arrête la bonne volonté qu'on a d'applau-
dir.—M. Siberdt expose deux portraits brossés
d'une façon étrange et qu'il faut voir d'un peu
loin. C'est fait en pleine lumière et la pâte est
comme lancée sur la toile. Ils sont écrasants
de ressemblance, notamment celui de M.J.C.,
une des personnalités les plus sympathiques
d'Anvers et du pays, et que l'on a eu l'incon-
venance de pendre à la port- de l'exposition,
peut-on dire. On ne pouvait cependant pas
prétexter d'ignorance, car rarement visage
n'aura regardé jury de placement avec plus de
profondeur et de malice.

Un nouveau venu, un tout jeune homme,
M. J. Janssens, un belge, fils du député

de ce nom, se présente à nous avec une Sainte-
Barbe d'une extrême distinction et d'un sen-
timent exquis. Le hasard ou bien la malice a
mis son oeuvre à côté de celles de ses maîtres,
Ittenbach et Mùller. Hasard ou malice a bien
fait les choses : la Sainte-Barbe de M. Jans-
sens a son cachet à elle : ce n'est point encore
et ce ne sera peut-être jamais la finesse
adorable du maître de Dusseldorf, mais c'est
original et fermement senti. Si la peinture
religieuse ne traversait point une crise dont
elle se relèvera quand le dégoût ou la lassi-
tude du positivisme rationaliste aura fait son
œuvre, la Sainte-Barbe de M. Janssens eût
été chaleureusement accueillie et on eût fait
fête au jeune maître, débutant par une com-
position où se révèle beaucoup d'âme et
beaucoup de talent. Souhaitons à M. Janssens
de persévérer dans une voie où les succès ne
lui manqueront pas. « Une heure viendra qui
tout paiera » comme dit la mystérieuse lé-
gende. En attendant, rappelons ici qu'à la
récente exposition de Prague, cette Sainte-
Barbe a réuni les suffrages des connaisseurs
et surtout des penseurs.

Une nouvelle venue, une jeune fille, M"e Bel-
lefroid, a exposé une étude de Fumeur, très-
virtuosement brossée, d'un dessin fidèle,
surtout dans la main, et où se révèle un cer-
tain esprit d'observation qui rendra de grands
services à l'artiste quand elle voudra élargir
son cadre. — M. Fraustadt exagère les formes
humaines ; il semble que la lecture des Niebe-
lùngen lui ait donné des idées fausses et qu'il
ait perdu le sentiment des proportions. Kriem-
hilde, femme d'Attila, n'est pas non plus dans
une pose naturelle, et malgré tout, quelque
chose, dans ce panneau, vous impressionne.
C'est un peu comme la musique de Wagner
qui vous étreint, mais qu'on ne comprend
pas____ toujours.

Je suis loin d'avoir dit, en ce qui concerne
les sujets historiques et les portraits, ce que
j'avais à dire. J'y reviendrai, et qu'on en soit
bien convaincu, mes mesures sont prises pour
oublier le moins possible ; seulement il me
faut un peu d'aise et j'en trouve dans une
marche dont la fantaisie fait la distraction au-
tant que la diversion. Occupons-nous donc
de quelques ariistes étrangers, en courant bien
entendu, car si ce n'est point l'espace qui
nous manque, c'est au moins le temps.

— Ittenbach.Madones. On les connaît. On se
rappelle tout ce que ce chef d'école sait y met-
tre d'onction et de grâce. On retrouve en elles
les éléments mêlés de Van Eyck et de Baphaël.
Celles que nous voyons exposées à Bruxelles
sont,comme toujours,des merveilles de finesse
et d'expression. La faute ou,si l'on veut,Ia spé-
cialité d'Ittenbach, est de ne point assez forcer
ses ombres, de manière que ses personnages
manquent de relief et s'aplatissent.—Ch. Mul-
ler, autre chef d'école qui a exposé une
Sainte famille, accentue mieux ses effets et
obtient du public un succès plus franc. La

couleur de Mùller est d'une fluidité, d'une pu-
reté à nulle autre pareille. Comme à Itten-
bach, le détail et le fini lui sont familiers et
je ne sais si les maîtres du xvc siècle ont été
plus loin dans la spécialité du rendu des bi-
joux et des pierres précieuses, entre autres.
Quant au charme exquis répandu sur le visage
des modèles d'Ittenbach et de Mùller,c'est vé-
ritablement inexprimable, et il nous faudrait
une langue séraphique pour essayer de nous
faire comprendre. Seulement, comme obser-
vation critique, disons qu'iltenbach est plus
austère dans ses poses et que Mùller est enclin
à la mignardise.

Bichter. Splendide portrait d'une superbe
princesse et d'un chien non moins mais
autrement superbe. Peinture blaireautée mais
adroite et calculée de manière à obtenir des
effets précieux. Le geste de la main droite,
sous le menton, nous a paru manquer de dis-
tinction pour une princesse. L'autre portrait,
trop flou, un peu charlatanesque de tournure
et d'entourage, est, dans ce genre, une espèce
de merveille. La femme est charmante; je
soupçonne Bichter un peu flatteur. Mille par-
dons, madame, mais il est impossible que
vous soyez aussi jolie que cela. Si je me
trompe, c'est que vous venez d'un monde plus
divin que le nôtre. — Hjllemacher. L'épisode
de la Belle au bois dormant l'a tenté comme
il l'a fait pour beaucoup d'autres. Le sujet est
très naïvement conçu et exécuté franchement.
Il y a là des types gracieux et des expressions
de physionomie parfaitement saisies ainsi que
des petits effets de lumière très doux. —
— Isaisey. Ce vétéran conserve cet aplomb,
cette touche magistrale, ferme, procédant par
éclairs et dont toutes ses œuvres sont comme
martelées, qui, depuis soixante ans, le dési-
gnent au choix des amateurs et à l'étonnement
des praticiens, Eugène Isabey, l'empâteur par
excellence, le peintre qui sait le mieux obtenir
le fini avec l'à peu près, celui-là même est le
fils de ce célèbre miniaturiste qui a poussé le
pointillé au suprême degré de la perfection !
Contraste bien extraordinaire et dont nous
inférons nous, à l'appui de notre système
d'éclectisme, un bien puissant argument. C'est
qu'il ne faut jamais condamner une manière
d'artiste d'une façon absolue. Que me font à
moi les moyens si le but est atteint ! Tandis
que tel critique déchire à belles dents la
suavité de certaines brosses et croit faire
preuve de profond savoir en la traitaut de
sirop délayé, tel autre se pâme devant les
plus minutieuses produclions du pinceau, de
celles qui ont fait la gloire de beaucoup de
hollandais du XVII0 siècle. — Celui-ci n'ad-
mire que la peu près, celui-là ne jure que
par l'académisme. Pour Dieu que l'on ouvre
le champ à tous et que l'on permette à l'art
d'accomplir sa sublime mission, en étant une
des plus universelles expressions de la pensée
humaine; qu'on lui laisse ses multiple- aspects
et qu'on ne lui ôie pas la gloire de renflfe ce
 
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