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Les hommes de logique sont entêtés : ils manquent
d'amour, et l'amour seul peut assouplir l'esprit.

Un cœur passionné s'allie parfois à un esprit droit ;
l'esprit Jfessionné est toujours faux et impitoyable.

Aux yeux de la raison, l'audace et la témérité sont
toujours blâmables et ridicules ; mais le cœur porte
un autre jugement.

Souvent on est lâche parce qn'on est raisonnable.

L'homme subtil se réjouitdes ridicules qu'il découvre
dans son prochain, pendant que le poète en gémit.

Se faire gloire d'être positif est le signe certain d'une
mauvaise éducation et d'une sécheresse de cœur.

La recherche d'un plaisir dont on trouve la satisfac-
tion amène la recherche d'un autre. On se lasse des
plaisirs, mais jamais de leur recherche.

On aime souvent les spectacles cruels et sombres
pour avoir abusé des plaisirs : la curiosité fatiguée ne
se réveille plus qu'à la vue du sang et des larmes.

L'intelligence dérive souvent de l'amour, mais
l'amour jamais de l'intelligence. Comprendre c'est
finir d'aimer.

Octave Pirmez.

iUïemaoîte.

On écrit de Vienne au Beiblatt : Hans Ma-
kart avait récemment ouvert les magnifiques
salles de son atelier au public, et y avait ex-
posé, au profit du Kùnstlerliaus, deux de ses
dernières créations, Bacchus et Ariane et
Durer assistant à l'entrée de Charles-Quint à
Anvers.

La composition du premier tableau était
destinée, dans l'origine, à un rideau pour
l'Opéra Comique; l'artiste en a fait ensuite
un tableau à l'huile pour la décoration d'un
panneau de salon. L'œuvre — vendue au prix
de 3000 livr. st. à M. Duncan à Londres —
doit être rangée parmi les plus importantes
du maître, tant par sa dimension (elle compte
23 pieds de longueur sur 15 de hauteur) que
par la force de son coloris et la virtuosité de
sa facture. Non-seulement l'effet est éblouis-
sant, mais il y a des détails ravissants et ori-
ginaux qui causent le plus grand étonnement
et la plus vive jouissance. Mais, à côté de
grandes et rares qualités, se trouvent tous les
anciens défauts de Makart. La composition
manque d'unité et de compréhension, les fi-
gures principales, Bacchus et Ariane, sont les
plus faibles du tableau comme invention et
exécution; il n'y a que l'expression enivrée
du jeune Dieu qui réponde au caractère de
celui-ci. Ariane n'est qu'une ballerine ordi-
naire étalant ses charmes — rien moins que
parfaits — avec une couqetterie rebutante. De
la suite de Bacchus il n'y a que le gros Silène
qui soit ce qu'il doit être, c'est-à-dire le
Falstalf de l'antiquité, d'une exubérance de
vie immense et d'un caractère prononcé ; la
tête surtout est un chef-d'œuvre — le tout
admirablement peint. Tous les autres Satyres,
Centaures, Panisques, Bacchantes, etc. qui

se meuvent là, badinant et faisant de la mu-
sique, manquent de vie réelle ; quelques fi-
gures nues de l'avant-plan sont sans charmes
et même crues de peinture. La scène se passe
au bord de la mer : des Tritons et des
Naïades sortent des vagues et jouent avec la
suite de Bacchus. A gauche du tableau, vers
le fond, s'étend une forêt; le ciel bleu et les
nombreuses ligures nues se détachent lumi-
neusement des ombres profondes de celle-ci.
Ce sont les grands contrastes de lumière et
d'ombre, du bleu dominant des vagues de la
mer et de celui du ciel, qui produisent le grand
elletdu tableau; mais il n'y a ni arrangement
architectural , ni système satisfaisant dans
le mouvement de la composition. L'artiste
éblouit, excite l'admiration par l'empire ab-
solu qu'il exerce sur tontes les ressources de
la peinture, mais son œuvre ne donne pas la
satisfaction que produit une œuvre d'art réu-
nissant l'âme aux sens.

Le second tableau n'est qu'une esquisse
jusqu'ici, mais une esquisse des plus char-
mantes et pleine de promesses. L'idée du su-
jet a été prise de quelques passages du « Jour-
nal de Durer» et d'une conversation de celui-ci
avec Melanchton. Le sujet est pour ainsi dire
créé pour Makart ; l'artiste y trouve l'occasion
de présenter des beautés florissantes et un
grand étalage de luxe avec toute la splendeur
de sa virtuosité coloriste. La composition
montre la ville d'Anvers, richement décorée
pour la réception du monarque. A gauche de
la rue, entouré du peuple en fête, Durer, le
regard fixé sur le cortège'; l'Empereur en tête
de celui-ci, et, des deux côtés, des rangées
de belles jeunes filles presque nues, selon que
cela se pratiquait souvent alors en pareille
circonstance. Des porte-bannières, des dra-
peaux flottants et tout le riche appareil des
fêtes remplissent le fond. Le ton principal de
ce tableau, splendide de couleur, est un rouge
ardent comme Makart l'aime.

C. v. L.

(Correspondance d'A llemagne).

A l'exposition de Bismeyer et Kraus, à
Dusseldorl, se voyait récemment un nouveau
tableau de G. von Bachmann, A l'Ecluse, qui
a droit à un éloge sans restriction et qui est
certes une des meilleures toiles produites
depuis longtemps. Le sujet, de peu d'intérêt
en lui-même, captive par une conception ca-
ractéristique, une coloration harmonieuse et
une facture spirituelle. L'artiste reproduit la
vie mouvementée auprès d'une écluse en Hol-
lande; paysage, hommes et animaux, sont
d'un rendu parfait ; tout est de la plus grande
vérité naturaliste, et cependant de la plus
haute originalité artistique. L'œuvre plaît
d'autant plus, qu'elle se présente sans pré-
tention et avec une simplicité charmante. A
la même exposition un grand paysage monta-
gneux de la vallée de Brandenberg en Tyrol,
de A. Metzener, sollicitait I'attentioa par la
reproduction fidèle de la grandeur des régions
des Alpes et par une exécution et un coloris
large et ferme. -- Un petit Clair de lune de
C. Ludwig, charmant d'effet de lumière, ga-
gnerait par une exécution plus soignée ; l'ar-
tiste produit beaucoup depuis quelque temps :
moins et mieux serait préférable. Des esquis-
ses exposées pour un nouveau « Stàndehaus »
pour le Landtag provincial rhénan, par Au-
guste Binklake, se recommandent pour l'exé-
cution par des proportions bien enchaînées,

un extérieur imposant et une disposition inté-
rieure parfaite.

Chez Schulte, à Dusseldorf, Charles Hiib-
ner avait exposé trois tableaux de genre :
Consolation dans la prière, A la porte du cou-
vent, et Une veuve sur le lieu de l'incendie,
qui sont bien supérieurs à toutes les toiles
des dernières années de l'artiste. Hïibner
revient d'un voyage en Amérique; l'accueil
brillant et les marques de distinction qu'il a
rencontrés au-delà des mers, semblent avoir
stimulé son talent. — Un grand tableau de
bataille, La prise de Loigny par l'infanterie
hanséatique, le 2 décembre 1870, de Hermann
de Boor, faisait bon effet; il était riche en
détails intéressants ; peut-être le ciel aurait-il
pu être moins bleu. — Le portrait d'une dame
âgée, par M"0 Clara Jàger, se distingue par
une identification fine de l'artiste avec les
singularités caractéristiques du sujet, et une
conception et une facture hautement artisti-
ques. — J. Scheurenberg et B. Jordan ont
reproduit chacun une œuvre connue, le pre-
mier sa Lecture intéressante en réduction, le
second son Premier mensonge. Toiles aussi
intéressautes que les originales.

Les ai'tistes le plus en renom du Tyrol sont
occupés dans ce moment de travaux hors du
pays. A. Plattner s'est chargé de la peinture
décorative (sujet : Légende de Saint-Martin)
de l'église à Dornbirn au Voralberg. G. Mader
termiue son cycle de fresques à Ischl. L'éta-
blissement de peinture sur verre de Neuhau-
ser a des commissions de tous côtés, et il
s'efforce de les exécuter de façon à rehausser
sa réputation.

Quelques mots sur l'art ancien : Au nord
de Hall sur Inn, s'ouvre le ravin sauvage dans
lequel se trouve la célèbre saline. Sur une
proéminence du ravin, se voient les ruines
d'un vieux couvent de nonnes, désert depuis
la Béformation. La petite église, une cons-
truction en style vieux gothique de la fin du
xve siècle, est parfaitement conservée ; simple
et sans prétention, elle surprend dans cette
solitude; l'intérieur en est conservé dans sa
forme primitive, sans jamais avoir été restau-
ré. Il n'y a que l'autel gothique qui a dû faire
place à une œuvre de la renaissance, mais
heureusement il a été conservé et a été érigé
contre le mur latéral droit. Les tableaux et
les statues en sont du style et de l'école haute
allemande; il se pourrait que le tout ait été
travaillé à Innspruck, où régnait en ce temps
une grande activité dans les arts, quoiqu'il
n'y eût pas de grands maîtres. C'est un autel
à volets. Au centre, tiers de grandeur natu-
relle, la Madone avec l'Enfant entre sainte
Barbe et sainte Catherine. Dans la Predella,
Marie et Joseph à genoux devant le saint
Enfant, deux anges suspendus derrière eux.
Aux volets intérieurs, des scènes de la vie de
la Vierge; sur chacun des volets extérieurs,
deux Saints superposés. Derrière l'autel, le
portrait de la fondatrice en détrempe : dessin
ferme, mais les couleurs ont souffert. Dans
une armoire sont conservées des chasubles,
parmi lesquelles s'en trouve une travaillée en
laine verte avec une croix sur le dos, proba-
blement un ouvrage des religieuses. Personne
ne recherchant, dans ce coin hors du monde,
ces travaux remarquables pour l'histoire de
l'art du Tyrol, il serait à souhaiter que ceux-ci
pussent passer au Musée d'innspruck.
 
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