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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 4,1,2,1: Texte 2,1): Etat moderne — Paris, 1813

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https://doi.org/10.11588/diglit.4819#0268

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2y8 OBSERVATIONS SUR LA TOPOGRAPHIE

pelisses ; il leur promit une récompense proportionnée à leur fidélité et à leurs
services, et leur demanda des otages, qu'ils accordèrent sans difficulté.

PREMIÈRE JOURNÉE.

Nous sortîmes du Kaire, M. de Rozière et moi, le 17 brumaire an 9 [9 octobre
1800], avec nos quatre cheykhs, deux interprètes, 1 un Egyptien et l'autre Grec,
deux domestiques Égyptiens et les Arabes qui conduisoient nos chameaux. Nous
étions montés sur des dromadaires.

Quelqu'indispensable que dût paroître une escorte, il étoit impossible d'en
conduire une dans un pays qui ne produit rien, où le transport de notre eau,
de nos équipages réduits au plus simple nécessaire, n'étoit pas sans quelque diffi-
culté : elle eût fait manquer le but que je me proposois, celui d'étudier un peuple
extrêmement méfiant, qui croit qu'on ne peut visiter le désert qu'il habite qu'avec
le projet de le conquérir.

La confiance la plus entière me parut le seul moyen de réussir avec les Arabes :
je n'exigeai d'eux qu'une condition; c'est que nous porterions nos habits Français.
Outre qu'un habillement auquel nous n'étions pas accoutumés nous eût été plus
incommode, ce déguisement âuroit excité la méfiance des Arabes, sans rien ajouter
à notre sûreté.

La caravane, composée d'une partie des habitans de la presqu'île, qui avoit
apporté au Kaire du charbon et des marchandises débarquées àSoueys, nous avoit
précédés, et de voit camper dans le désert, à douze milles environ. Nous la rejoi-
gnîmes à la fin du jour, après six heures de marche. L'étendue du camp ne nous
permit d'en visiter qu'une partie; tous, particulièrement les jeunes gens, parurent
nous voir avec une surprise mêlée de plaisir. Nous nous arrêtâmes dans plusieurs
groupes où l'on nous offrit du café. L'air de sécurité de deux Européens seuls au
milieu d'eux sembloit exciter leur admiration.

DEUXIEME JOURNÉE.

Le lendemain matin nous partîmes ; tous les yeux étoient fixés sur nous. Les
Arabes nous parurent plus étonnés lorsqu'ils nous virent descendre de dromadaire
et marcher sans armes au milieu d'eux (i).

Si nous cassions quelques cailloux, ils nous apportoient les plus transparens, ceux
qu'ils croyoient les plus propres à battre le briquet. Si nous examinions leurs vête-
mens, ils entroient dans le détail des nôtres. La forme de nos chapeaux, notre habit
court et serré, les cuirs dans lesquels nos jambes et nos pieds étoient renfermés, leur
sembloient incommodes ou inutiles. Lorsque j'examinai leurs fusils et leurs poi-
gnards, un d'entre eux me demanda où étoient mes armes; je lui répondis brus-
quement en montrant les leurs : « Voilà mes armes ; n'es-tu pas armé pour me dé-
» fendre! — Tu es un bon Français,me répondit-il ; tu vas avec tes amis à Tor (2). »

(1) J'avois un fort beau sabre de mamlouk, que j'ai (2) Les Arabes avoient fait la même demande à

toujours laissé suspendu au pommeau du bât démon dro- M. de Volney dans son voyage en Syrie,
îviadaire lorsque j'ai marché avec eux.
 
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