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Jomard, Edme François [Editor]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 4,1,2,1: Texte 2,1): Etat moderne — Paris, 1813

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https://doi.org/10.11588/diglit.4819#0461

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DE LA BASSE EGYPTE. ^yo

dans les déserts de fa Libye, appartiennent incontestablement au domaine d'une
mer desséchée. Ce sentiment a été partagé par tous les voyageurs modernes qui ont
visité ces contrées. Parmi ces voyageurs, on peut citer M. Hornemann, qui, en f 800,
ayant traversé l'Afrique d'orient en occident par l'Oasis d'Ammon, a reconnu
dans ces déserts les traces les plus sensibles d'un long séjour des eaux de la mer. Je
dirai de plus, d'après l'opinion des prêtres d'Egypte et celle d'Hérodote, qu'il est
probable que la vallée du Nil, dont le sol s'exhausse constamment du Kaire en re-
montant vers laThébaïde, n'est plus aujourd'hui qu'un immense attérissement des
sables vaseux du fleuve , et que les vallées du Bahr-belâ-mâ et des lacs de Natroun
ont pu former anciennement des golfes semblables à ceux de la mer Rouge. Enfin
j'ajouterai que, les déserts de la Libye et de l'Afrique étant en général regardés
comme appartenant au sol d'une mer desséchée, les Oasis, ces espèces d'îles cultivées
ou cultivables que l'on trouve dispersées sur l'immensité de cette mer de sables, ne
sont que des bas-fonds, tels qu'il en existe dans le sein des mers, et dont le sol est
encore en partie inférieur au niveau actuel des eaux de la Méditerranée.

II ne m'appartient pas, dit l'auteur du Mémoire, d'assigner une cause à la révo-
lution physique qui a pu changer ainsi la surface de tant de contrées. Je ne pré-
tendrai donc pas trouver cette cause secondaire, plutôt dans l'effet de ce flux et
reflux extraordinaires qui, d'après l'Exode, d'accord avec la tradition qui s'en est
conservée, au rapport de Diodore (1), chez les Ichthyophages, peuples des côtes
de la mer Rouge, auroient mis à sec une grande partie de cette mer, que dans un
abaissement instantané des eaux de la Méditerranée par la rupture du détroit des
Colonnes d'Hercule, aujourd'hui de Gibraltar (2), ni enfin que dans la retraite
précipitée des eaux après l'époque de cette catastrophe générale, où le globe
que nous habitons a dû rouler, durant des siècles, sous l'enveloppe des eaux d'une
mer sans bornes, catastrophe dont les plaines ainsi que les entrailles les plus pro-
fondes et les montagnes les plus élevées de la terre portent des traces ineffaçables.
C'est en vain que l'esprit justement inquiet de l'homme se tourmente en hypo-
thèses plus ou moins ingénieuses, plus ou moins vraisemblables, sur les causes de
ces grandes révolutions ; les causes et les époques de ces épouvantables événemens
qui nous menacent de leur cours, périodique peut-être, nous sont inconnues,
et restent à jamais ensevelies dans la nuit éternelle des temps.

Pour revenir au but de ce Mémoire, on terminera en donnant ici le tableau
résumé de l'étendue superficielle des lacs maritimes de l'Egypte inférieure, en com-
parant cette étendue à celle de l'ancien et du nouveau Delta.

(1) Exod. cap. XIV, v. 21, et Psahn. cxin, et Diod. ment la plus grande partie des déserts de la Libye et de
Bibl. hist. lib. III, §. 4°- l'Afrique, ses eaux, en s'abaissant d'une hauteur quel-

(2) Parmi toutes ces traditions Ou hypothèses, celle conque par ia rupture naturelle ou artificielle du détroit
de l'abaissement instantané des eaux de la Méditerranée de Gibraltar, auront mis à découvert l'immensité de ces
par la rupture du détroit des Colonnes, dont il est parlé plages, dont le dessèchement les aura transformées en une
dans la Géographie de Strabon, nous paroît la plus admis- mer de sables stériles et brûlans. Voir Strabon , Géo^r.
sible, comme elle est la plus vraisemblable. Ainsi, liv. i, tom. 1." delà traduct. Franc.; et Pline, Hist.
admettant que la Méditerranée a recouvert ancienne- nat. liv. VI, chap. I.
 
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