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Symposium on Nubian Studies <2, 1972, Warschau> [Hrsg.]; Society for Nubian Studies [Hrsg.]; Michałowski, Kazimierz [Bearb.]
Nubia: récentes recherches ; actes du Colloque Nubiologique International au Musée National de Varsovie, 19 - 22 Juin 1972 — Varsovie: Musée National, 1975

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https://doi.org/10.11588/diglit.47598#0206

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Jean Vercoutter

Trouvailles chrétiennes de Saï
1970-1972
Lors de notre réunion de la Villa Hügel à Essen la fouille de Saï avait à peine commencé ou,
plutôt, recommencé. Depuis cette époque trois campagnes de fouilles complètes ont pu être menées
sur le site.
L’effort principal s’est porté sur la forteresse qui se dresse à l’extrémité nord-est de l’île, forteresse
bien connue des voyageurs du XIXème siècle à la suite de Burckhardt. Les Nubiens l’appellent
encore Adou perpétuant peut-être ainsi, comme l’a suggéré A. J. Arkell, le nom de la cité médiévale
de Dou ou Douy qui fut célèbre aux Xème et XlVème siècles de notre ère.
La fouille de la forteresse commencée en 1954 mais interrompue de 1956 à 1969 a fait l’objet
essentiel des campagnes qui se sont succédées dans l’île de 1970 à 1972. Cette fouille est loin d’être
achevée : seule la partie nord de la forteresse a été, partiellement, dégagée. Il faut souligner que les
angles nord-ouest et nord-est par example n’ont pas encore été fouillés.
Du point de vue qui nous intéresse ici, les vestiges d’époque chrétienne, la forteresse pose des
problèmes que, dans l’état actuel de la fouille, nous n’avons pas pu résoudre. Par son plan
rectangulaire et la forme de ses tours d’angles, nord-ouest comme sud-ouest, la forteresse de Saï
rappelle beaucoup, cela est certain, les forteresses chrétiennes du Nil moyen décrites par
O. G. S. Crawford, telles que celles d’El-Kab, de Gandeisi ou d’El-Koro. On s’expliqe donc
pourquoi A. J. Arkell dans son Histoire du Soudan n’hésite pas à y voir un édifice chrétien, sans
doute des XHIème et XlVème siècles.
En réalité la fouille de la partie nord de la construction n’a pas encore fourni de preuve
décisive permettant d’affirmer que la forteresse, dans son ensemble, remonte bien à l’époque
chrétienne.
Comme le montrent les photographies aérienne prises en 1954, avant la fouille, on voit que le mur
nord de la forteresse est très différent des murs ouest et sud. Alors que ceux-ci sont parfaitement
rectilignes, il est sinueux et irrégulier. La coupe faite en 1954 immédiatement à l’est de la tour
d’angle nord-occidentale montre le caractère hétérogène de cette tour et la fouille du terrain
sous-jacent a montré, qu’au moins dans cette partie du site, rien ne subsiste d’un mur d’enceinte
rectiligne qui puisse être attribué à l’époque chrétienne. En fait les maisons chrétiennes qui ont
été dégagées au cours de la campagne de 1971-1972 — il y a quelques mois à peine — montrent
que le mur d’enceinte a été établi sur ces habitations et donc qu’il leur est postérieur.
On serait donc tenté de dater cette partie de l’enceinte fortifiée de l’époque turque et, plus
précisément, de la conquête du Sultan Sélim I, au XVIème siècle de notre ère. Tentation d’autant
plus grande que ce mur, par son mode de construction : alternance de parois verticales construites
et de “bourrage” hétérogène, succession de lits horizontaux de pierre et de briques crues, comme
par son tracé sinueux, obéit manifestement, de la part de ses constructeurs, au désir de mettre la
forteresse à l’abri d’une attaque par des armes à feu, et en particulier, de canons.
Toutefois le problème reste entier : en effet, seule la partie nord de l’enceinte a été fouillée et
à l’endroit même où elle présente une anomalie certaine. Il y a donc une possibilité que les murs
sud et ouest datent bien, eux, de l’époque chrétienne et que seul le mur nord ait été construit par
les conquérants ottomans. Toutefois, si tel est le cas, il faudrait admettre ou que la forteresse
n’avait jamais été achevée par les Chrétiens ou que les arasements du mur nord d’époque
chrétienne, se trouvent dans une partie du site non encore dégagée.

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