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Murger, Henri; Gill, André [Ill.]
La vie de bohème — Paris, [1877]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8482#0011
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LA

I

COMMENT FUT INSTITUÉ LE CÉNACLE DE LA BOHÊME

Voici comment lehasard, que les sceptiques appellent l'homme
d'affaires du bon Dieu, mit un jour en contact les individus dont
l'association fraternelle devait plus tard constituer le cénacle
formé de cette fraction de la Bohême que l'auteur de ce livre a
essayé de faire connaître au public.

Un matin, c'était le 8 avril, Alexandre Scbaunard, qui culti-
vait les deux arts libéraux de la peinture et de la musique, fut
brusquement réveillé par le carillon que lui sonnait un coq du
voisinage qui lui servait d'horloge.

— Sacrebleu ! s'écria Schaunard, ma pendule à plumes avance,
il n'est pas possible qu'il soit déjà aujourd'hui.

En disant ces mots, il sauta précipitamment hors d'un meuble
de son industrieuse invention et qui, jouant le rôle de lit pen-
dant la nuit, ce n'est pas pour dire, mais il le jouait bien mal,
remplissait pendant le jour le rôle de tous les autres meubles,
absents par suite du froid rigoureux qui avait signalé le précé-
dent hiver : une espèce de meuble maître-Jacques, comme on
voit.

Pour se garantir des morsures d'une bise matinale, Schau-
nard passa à la hâte un jupon de satin rose semé d'étoiles en
pailleté, et qui lui servait de robe de chambre. Cet oripeau avait
été, une nuit de bal masqué, oublié chez-l'artiste par une folie
qui avait commis celle de se laisser prendre aux fallacieuses
 
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