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Murger, Henri; Gill, André [Ill.]
La vie de bohème — Paris, [1877]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8482#0251
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24.3

Rodolphe, Colline et Schaunàrd restèrent vingt-quatre heures
à aller chercher leur tabac. Quand ils revinrent à la maison,
Marcel était seul.

Après six jours d'absence, le vicomte Maurice vit arriver
Musette.

11 ne lui fit aucun reproche, et lui demanda seulement pour-
quoi elle paraissait triste.

—Je me suis querellée avec Marcel, dit-elle, nous nous sommes
mal quittés

— Et pourtant, dit Maurice, qui sait? vous retournerez encore
auprès de lui.

— Que voulez-vous? fit Musette, j'ai besoin de temps en temps
d'aller respirer l'air de cette vie-là. Mon existence folle est
comme une chanson; chacun de mes amours est un couplet ;
mais Marcel en est le refrain.

XX

MIJIÏ A DES PLUMES.

« Eh ! non, non, non, vous n'êtes plus Lisette. Eh! non, non,
non, vous n'êtes plus Mimi !

« Vous èles aujourd'hui madame la vicomtesse; après-demain
peut-être serez-vous madame la duchesse, car vous avez posé
le pied sur l'escalier des grandeurs; la porte de vos rêves s'est
enfin ouverte à deux battants devant vos pas, et voici que vous
venez d'y entrer victorieuse et triomphante, .l'étais bien sûr que
vous finiriez ainsi une nuit ou l'autre. Il fallait que ce lût,
d'ailleurs ; vos mains blanches étaient laites pour la paresse, et
appelaient depuis longtemps l'anneau d'une alliance aristocra-
tique. Enfin vous avez un blason! Mais nous préférons encore
celui que la jeunesse donnait à votre beauté, qui, par vos yeux
bleus et votre visage pâle, semblait écarteler d'azur sur champ
de lis. Noble ou vilaine, allez, vous êtes toujours charmante; et
je vous ai bien reconnue quand vous passiez l'autre soir dans
la rue, pied rapide et finement chaussé, aidant d'une main
gantée le vent à soulever les volants de votre robe nouvelle, un
peu pour ne point la salir, beaucoup pour laisser voir vos jupons
brodés et vos bas transparents. Vous aviez un chapeau d'un style
merveilleux, et vous paraissiez même plongée dans une pro-
fonde perplexité à propos du voile en riche dentelle qui flottait
sur ce riche chapeau. Embarras bien grave, en effet! car il
s'agissait de savoir lequel valait le mieux et était le plus profi-
table à votre coquetterie, de porter ce voile baissé ou relevé. En
le portant baissé, vous risquiez de n'être pas reconnue par ceux
de vos amis que vous auriez pu rencontrer, et qui, certes,
 
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