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Murger, Henri; Gill, André [Ill.]
La vie de bohème — Paris, [1877]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8482#0510
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LE

SOUPIR DES FUNÉRAILLES

C'était sous le dernier régne. Au sortir du bal de l'Opéra,
dans un salon du café de Foy, venaient d'entrer quatre jeunes
gens accompagnés de quatre femmes vêtues de magnifiques
dominos. Les hommes portaient do ces noms qui, prononcés
dans un lieu public ou dans un salon du monde, font relever
toutes les têtes. Ils s'appelaient le comte de Chabanncs-Malau-
rie, le comte de Puyrassieux, le marquis de Sylvers, — et Tris-
tan-Tristan tout court. Tous quatre était jeuses, riches, menant
une belle vie semée d'aventures dont le récit défrayait hebdo-
madairement les Courriers de Paris, et n'avaient à peu près
d'autre profession que d'être heureux ou de le paraître. Quant
aux femmes, qui étaient presque jeunes, elles n'avaient d'autre
profession que d'être belles, et elles faisaient laborieusement
leur métier.

La carte, commandée d'avance, aurait reçu l'approbation de
tous les maîtres de la gourmandise.

En entrant dans le salon, les quatre femmes s'étaient démas-
quées. C'étaient, à vrai dire, de magnifiques créatures, formant
un quatuor qui semblait chanter la symphonie de la foi me
et de la grâce.

— Avant de nous mettre à table, messieurs, dit Tristan, per-
mettez-moi de faire dresser un couvert de plus.

— Vous attendez une femme? dirent les jeunes gens?

— Un homme? reprirent les femmes.

— J'attends ici un de mes amis qui fut de son vivant un
charmant jeune homme, dit Tristan.

— Comment ? de son vivant ! exclama M. de Puyrassieux.

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