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Murger, Henri; Gill, André [Ill.]
La vie de bohème — Paris, [1877]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8482#0304
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SI

0r-

20G

LA VIE DE BOHEME

m'a répondu qu'elle était morte dans la nuit. Voici ce qui était
arrivé. Pendant mon absence,- Mimi avait été changé de salle
et de lit. Au n° 8, qu'elle avait quitté, on avait mis une autre
femme qui mourut le même jour. C'est ce qui vous explique
l'erreur dans laquelle je suis tombé. Le lendemain du jour où
je vous ai écrit, j'ai trouvé Mimi dans une salle voisine. Votre
absence l'avait mise dans un état horrible ; elle m'a donné une
lettre pour vous. Je l'ai portée à votre hôtel à l'instant même.

— Ah ! mon Dieu ! s'écria Rodolphe, depuis que j'ai cru que
Mimi était morte, je ne suis pas rentré chez moi. J'ai couché à
droite et à gauche chez mes amis. Mimi est vivante ! 0 mon
Dieu ! que doit-elle penser de mon absence ! Pauvre fille 1 pau-
vre fille ! comment est-elle? quand l'avez-vous vue?

— Avant-hier matin, elle n'allait ni mieux ni plus mal; elle
est très-inquiète et vous croit mdade.

— Conduisez-moi sur le champ à la Pitié, dit Rodolphe, que
je la voie.

— Attendez-moi un instant, dit l'interne quand ils furent à
la porte de l'hôpital, je vais demander au directeur une per-
mission pour vous faire entrer.

Rodolphe attendit un quart d'heure sous le vestibule. Quand
l'interne revint vers lui, il lui prit la main et ne lui dit que ces
mots : " '

— Mon ami, supposez que la lettre que je vous ai écrite il y
a huit jours était vraie.

— Quoi ! dit Rodolphe en s" appuyant sur une borne,
Mimi...

— Ce matin, à quatre heures.

— Menez-moi à l'amphithéâtre, dit Rodolphe, que je la
voie.

- Elle n'y est plus dit l'interne. En montrant au poète un
grand fourgon qui se trouvait dans la cour, arrêté devant un

Iiavillon, au-dessus duquel on lisait : Amphithéâtre, il ajouta :
ïiie est là.

C'était en effet, la voituie dans laquelle on transporte dans
la fosse commune les cadavres qui n'ont pas été réclamés.

— Adieu, dit Rodolphe à l'interne.

— Voulez-vous crue je vous accompagne ? proposa celui-ci.

— Non, fit Rodolphe en s'en allant. J ai besoin d'être seul.

XXIII

JEUNESSE N A OU UN TEMPS

. Un an après la mort de Mimi, Rodolphe et Marcel, qui no
s'étaient pas quittés, inauguraient par une fête leur entrée
dans le monde officiel. Marcel, qui avait enfin pénétré au salon,
y avait exposé deux tableaux, dont l'un avait été acheté par un
 
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