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Murger, Henri; Gill, André [Ill.]
La vie de bohème — Paris, [1877]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8482#0315
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LE

PAYS LATIN

i

Vers les derniers jours du mois d'octobre, à l'époque de la
rentrée de vacances, la Pou/e-Noire, lourde diligence qui faisait
le service entre Joigny et Paris, déposa rue des Nonaindières
un jeune homme qui, après avoir transporté sa malle dans un
fiacre, se fit conduire place Saint-Sulpice, où il prit pied à terre
dans un hôtel habité presque exclusivement par des professeurs
et des ecclésiastiques. Ce jeune homme s'appelait Claude Ber-
tolin et venait à Paris pour y étudier la médecine : il était né à
Joigny, en Bourgogne, et avait un peu plus de vingt ans. Fils
d'anciens commerçants qui avaient amassé une petite fortune,
Claude était resté orphelin à l'époque de l'adolescence, et fut
alors recueilli par son oncle, curé dans un petit village qui se
mire au bord de l'Yonne et s'appelle Cèzy. L'abbé Bertolin,
devenu le tuteur de son neveu, se chargea de son éducation, et,
pour mettre le jeune homme en état de choisir, quand le témps
en serait venu, la profession qui pourrait le mieux convenir à
ses goûts, il lui donna une instruction semblable à celle que
les jeunes gens reçoivent dans les collèges ; mais le vieux prêtre
n infusa point la science dans l'esprit de son pupille à la
manière des professeurs qui la rendent si amère en employant
avec tous leurs écoliers, quels que soient d'ailleurs les différences
et le degré d'aptitude dans les intelligences, une méthode
unique d'enseignement brutal. Ses classes terminées, il arriva
donc que l'élève du curé savait ce qu'il avait appris et le savait
bien, comme on sait ordinairement les choses dont l'étude
a été facile.

Les vœux de la mère de Claude avaient été de voir un jour
 
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