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Murger, Henri; Gill, André [Ill.]
La vie de bohème — Paris, [1877]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8482#0188
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LA VIE DE BOHEME

— Voici mon dernier mot, reprit Médicis : je n'ajoute pas
un sou de plus ; mais j'offre à dîner à tout le monde, vins variés
à discrétion, et au dessert je paye en or.

—Personne no dit mot? hurla Colline en frappant trois coups
de poing sur la table. Adjugé.

— Allons, dit Marcel, convenu.

— Je ferai prendre le tableau demain, fit le juif. Partons,
messieurs le couvert est mis.

Les quatre amis descendirent l'escalier en chantant le chœur
des Huguenots : A table! à table!

Médicis traita les bohèmes d'une façon tout à fait magni-
fique. Il leur offrit une foule de choses qui jusque-là étaient
restées pour eux complètement inédites. Ce fut à compter de
ce dîner que le homard cessa d'être un mythe pour Schaunard,
et il contracta dès lors pour cet amphibie une passion qui de-
vait aller jusqu'au délire.

Les quatre amis sortirent de ce splendide festin ivres comme
un jour de vendange. Cette ivresse faillit môme avoir des suites
déplorables pour Marcel qui, en passant devant la boutique de
son tailleur, à deux heures du matin, voulait absolument éveil-
ler son créancier pour lui donner en à-compte les 150 francs
qu'il venait de recevoir. Une lueur de raison qui veillait encore
dans l'esprit de Colline retint l'artiste au.bord de ce précipice.

Huit jours après ce festival, Marcel apprit dans quelle galerie
son tableau avait pris place. En passant dans le faubourg Saint-
Honoré, il s'arrêta au milieu d'un groupe qui paraissait regar-
der curieusement la pose d'une enseigne au-dessus d'une bou-
tique. Cette enseigne n'était àutre chose que le tableau de
Marcel, vendu par Médicis à un marchand de comestibles. Seu-
lement, le Passage de la mer Rouge avait encore subi une modi-
fication et portait un nouveau titre. On y avait ajouté un bateau
à vapeur, et il s'appelait : Au port de Marseille. Une ovation
flatteuse s'était élevée parmi les curieux quand on avait décou-
vert le tableau. Aussi Marcel se retourna-t-il ravi de ce triomphe,
et murmura : La voix du peuple, c'est la voix de Dieu.

XVII

la toilette des graces

Mademoiselle Mimi, qui avait coutume de dormir la grasse
matinée, se réveilla un matin sur le coup de dix heures, et
parut très-étonnée de ne point voir Rodolphe auprès d'elle ni
même dans la chambre. La veille au soir, avant de s'endormir,
elle l'avait pourtant vu à son bureau, se disposant à passer la
nuit sur un travail extra-littéraire qui venait de lui être com-
mandé, et à l'achèvement duquel la jeune Mimi était particu-
lièrement intéressée. En effet, sur le produit de son labeur, le
poète avait fait espérer à son amie qu'il lui achèterait une cer-
 
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