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REVUE ARCHEOLOGIQUE.
Je me decide donc a en donner une nouvelle descriplion faite en vue
de 1’original. Je commence par l’inscription :
DEO 1NYICIO (sic)
M I T H R
SECYNDINYS
DAT
Ces quatre lignes sont gravees en creux sur une tablette figuree ä
la gauche des replis d’an serpent dans l’action de se dresser, sculpte
en relief assez grossierement. Le tout est sur une pierre blanche de
trente-sixcentimetres de bauteur, sur vingt-quatre de largeur et huit
d’epaisseur. Gelte pierre figure un rocher.
Le travail, la forme et le style des lettres, la faute INYIGIO pour
1NV1CTO, l’etat de Conservation de la pierre, tout se reunit pour
donner ä ce monument Laspect le moins venerable, et pas un anti-
quaire n’hesiterait aujourd’hui ä souserire au jugement que je viens
de rappeier. Du temps de Caylus, on etait moins exigeant, et il faut
l’avouer, le noble antiquaire, auquel l’archeologie et notamment le
Cabinet de France ont tant d’obligalions, n’avait pas depasse son epo-
que sous le rapport du sens critique. Du reste, que de circonstances
trompeuses se reunissaient pour l’empecher de suspecter Lauthenti-
cite de cette acquisition, dont il se montra si heureux! Cette pierre
etait encastree de temps immemorial dans l’escalier d’une maison de
la place Saint-Jean, ä Lyon, l’ancien hötel de Cbevrieres, oü Spon
l’avait vue (1); d’autres savants l’avaient egalement fait connaitre (2);
enfln, des 1558, eile avail ete publiee par l’erudit florentin Gabriel
Symeoni, dans son lllustrazione degli epitafjß. La question d’authen-
ticite ne pouvail donc pas meine etre posee; aussi ne le fut-elle pas
plus par Caylus qu’elle ne l’avait ete ou ne le fut par ceux qui,
avant ou depuis lui, s’occuperent de ce monument. Neanmoins, si
le comte de Caylus avait pu comparer la figure de Vlllustrazione
avec la pierre qu’il venait de faire venir de Lyon, peut-etre le doule
(1) Voy. Spon, Recherches des antiquite's de Lyon, lre Edition. Lyon, 1683, p. 29.,
L’identitd de la pierre que Caylus fit venir de Lyon avec celle dont parle Spon est
certaine d’aprös les detaiis que l’on peut lire dans le Recueil d'antiquite's, dejä citd,
t. III, p. 345.
(2) Smetius, XXI, n° 17. — Gruter, XXXIII, n° 11. Mdnestrier, Preparation ä
l’histoire de Lyon, p. 19. —Colonia, Antiquite's de Lyon, p 95. — Montlaucon, Anti-
quite exp/iquee. Suppldmeut, t. I, p. 82. — Dom Martin, Explication de divers
monuments, p. 244.
REVUE ARCHEOLOGIQUE.
Je me decide donc a en donner une nouvelle descriplion faite en vue
de 1’original. Je commence par l’inscription :
DEO 1NYICIO (sic)
M I T H R
SECYNDINYS
DAT
Ces quatre lignes sont gravees en creux sur une tablette figuree ä
la gauche des replis d’an serpent dans l’action de se dresser, sculpte
en relief assez grossierement. Le tout est sur une pierre blanche de
trente-sixcentimetres de bauteur, sur vingt-quatre de largeur et huit
d’epaisseur. Gelte pierre figure un rocher.
Le travail, la forme et le style des lettres, la faute INYIGIO pour
1NV1CTO, l’etat de Conservation de la pierre, tout se reunit pour
donner ä ce monument Laspect le moins venerable, et pas un anti-
quaire n’hesiterait aujourd’hui ä souserire au jugement que je viens
de rappeier. Du temps de Caylus, on etait moins exigeant, et il faut
l’avouer, le noble antiquaire, auquel l’archeologie et notamment le
Cabinet de France ont tant d’obligalions, n’avait pas depasse son epo-
que sous le rapport du sens critique. Du reste, que de circonstances
trompeuses se reunissaient pour l’empecher de suspecter Lauthenti-
cite de cette acquisition, dont il se montra si heureux! Cette pierre
etait encastree de temps immemorial dans l’escalier d’une maison de
la place Saint-Jean, ä Lyon, l’ancien hötel de Cbevrieres, oü Spon
l’avait vue (1); d’autres savants l’avaient egalement fait connaitre (2);
enfln, des 1558, eile avail ete publiee par l’erudit florentin Gabriel
Symeoni, dans son lllustrazione degli epitafjß. La question d’authen-
ticite ne pouvail donc pas meine etre posee; aussi ne le fut-elle pas
plus par Caylus qu’elle ne l’avait ete ou ne le fut par ceux qui,
avant ou depuis lui, s’occuperent de ce monument. Neanmoins, si
le comte de Caylus avait pu comparer la figure de Vlllustrazione
avec la pierre qu’il venait de faire venir de Lyon, peut-etre le doule
(1) Voy. Spon, Recherches des antiquite's de Lyon, lre Edition. Lyon, 1683, p. 29.,
L’identitd de la pierre que Caylus fit venir de Lyon avec celle dont parle Spon est
certaine d’aprös les detaiis que l’on peut lire dans le Recueil d'antiquite's, dejä citd,
t. III, p. 345.
(2) Smetius, XXI, n° 17. — Gruter, XXXIII, n° 11. Mdnestrier, Preparation ä
l’histoire de Lyon, p. 19. —Colonia, Antiquite's de Lyon, p 95. — Montlaucon, Anti-
quite exp/iquee. Suppldmeut, t. I, p. 82. — Dom Martin, Explication de divers
monuments, p. 244.