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LA RAZZIA DES OULED-AYAR
fournir un goum bien monté qui nous guiderait et nous aiderait sur-
tout à savoir les nouvelles. Il commençait à être probable que l’ennemi
se désagrégerait et que la résistance serait peu énergique. Probablement
même que le chef de la révolte, Ali-ben-Hammar, ne se sentant plus à
la tête de forces suffisantes pour combattre, essayerait de s’enfuir.
Les Ouled-el-Aoun avaient mis à la tête de leur goum un personnage
renommé par son énergie, sa vigueur et son influence sur les popula-
tions : Bou Habana. C’était un homme de 45 ans environ, dont tout
l’ensemble indiquait la vigueur physique et le caractère décidé. C’était
vraiment un superbe cavalier. Dès le début de la conversation, il affirma
que sa famille était depuis un temps immémorial rivale de celle d’Ali
ben Hammar ; que depuis longtemps il y avait entre elles du sang ;
qu’il saluait avec bonheur l’arrivée des Français, qui allaient substituer
à la tyrannie des Ouled-Ayar l’ordre et la paix ; qu’il nous servirait de
tout son pouvoir, etc. On décida de suite de lui confier la mission de
s’attacher à Ali ben Hammar, de se tenir au courant de ses faits et
gestes, de suivre ses mouvements, en un mot de s’en emparer s’il en
trouvait l’occasion et de nous l’amener mort ou vif. Il partit en avant
de nos troupes et, quelques jours après, il nous fit prévenir qu’Ali ben
Hammar s’était enfui dans le sud avec une quinzaine de cavaliers,
ses proches parents ; qu’il l’avait poursuivi jusqu’au delà du bordj
du caïd Debbich. En l’absence du caïd, alors à Tunis, son fils n’avait
pas gardé suffisamment le passage et l’avait laissé échapper. Il était
fâcheux de ne pas l’avoir pris ; mais, lui parti, l’insurrection n’avait
plus de chef, et il était probable que la résistance serait nulle ou à peu
près.
Pendant ce temps la colonne arrivait au bord deSidi-Abd-el-Meleck,
l’ancienne Uzappa, remarquable par ses ruines, surtout par un arc de
triomphe dont nous donnons ici la reproduction.
Si el Borni, officier tunisien et cheik de la Eessera, vint ici à sa
rencontre. C’est un superbe cavalier et un homme intelligent, plus
civilisé et plus ouvert que 11e le sont généralement les indigènes.
On voit qu’il a voyagé et.passé quelque temps dans les grandes villes.
A partir de ce moment, il marche avec nous et met à notre service sa
connaissance du pays et des gens.
Le propriétaire du bordj d’Uzappa, qui n’est, en fait, qu’une masure
construite sur des ruines romaines, Mohammed ben Abd-el-Melek, per-
sonnage exalté, compromis un des premiers dans l’insurrection, a fui
précipitamment en abandonnant tout ce qu’il possède. La colonne
LA RAZZIA DES OULED-AYAR
fournir un goum bien monté qui nous guiderait et nous aiderait sur-
tout à savoir les nouvelles. Il commençait à être probable que l’ennemi
se désagrégerait et que la résistance serait peu énergique. Probablement
même que le chef de la révolte, Ali-ben-Hammar, ne se sentant plus à
la tête de forces suffisantes pour combattre, essayerait de s’enfuir.
Les Ouled-el-Aoun avaient mis à la tête de leur goum un personnage
renommé par son énergie, sa vigueur et son influence sur les popula-
tions : Bou Habana. C’était un homme de 45 ans environ, dont tout
l’ensemble indiquait la vigueur physique et le caractère décidé. C’était
vraiment un superbe cavalier. Dès le début de la conversation, il affirma
que sa famille était depuis un temps immémorial rivale de celle d’Ali
ben Hammar ; que depuis longtemps il y avait entre elles du sang ;
qu’il saluait avec bonheur l’arrivée des Français, qui allaient substituer
à la tyrannie des Ouled-Ayar l’ordre et la paix ; qu’il nous servirait de
tout son pouvoir, etc. On décida de suite de lui confier la mission de
s’attacher à Ali ben Hammar, de se tenir au courant de ses faits et
gestes, de suivre ses mouvements, en un mot de s’en emparer s’il en
trouvait l’occasion et de nous l’amener mort ou vif. Il partit en avant
de nos troupes et, quelques jours après, il nous fit prévenir qu’Ali ben
Hammar s’était enfui dans le sud avec une quinzaine de cavaliers,
ses proches parents ; qu’il l’avait poursuivi jusqu’au delà du bordj
du caïd Debbich. En l’absence du caïd, alors à Tunis, son fils n’avait
pas gardé suffisamment le passage et l’avait laissé échapper. Il était
fâcheux de ne pas l’avoir pris ; mais, lui parti, l’insurrection n’avait
plus de chef, et il était probable que la résistance serait nulle ou à peu
près.
Pendant ce temps la colonne arrivait au bord deSidi-Abd-el-Meleck,
l’ancienne Uzappa, remarquable par ses ruines, surtout par un arc de
triomphe dont nous donnons ici la reproduction.
Si el Borni, officier tunisien et cheik de la Eessera, vint ici à sa
rencontre. C’est un superbe cavalier et un homme intelligent, plus
civilisé et plus ouvert que 11e le sont généralement les indigènes.
On voit qu’il a voyagé et.passé quelque temps dans les grandes villes.
A partir de ce moment, il marche avec nous et met à notre service sa
connaissance du pays et des gens.
Le propriétaire du bordj d’Uzappa, qui n’est, en fait, qu’une masure
construite sur des ruines romaines, Mohammed ben Abd-el-Melek, per-
sonnage exalté, compromis un des premiers dans l’insurrection, a fui
précipitamment en abandonnant tout ce qu’il possède. La colonne