TUNIS SOUS LE PROTECTORAT FRANÇAIS ("
LA NOUVELLE CROISADE DU CARDINAL LAVIGER1E
L’hiver dernier, l’Association française pour l’avancement des
sciences s’est, pour la seconde fois, réunie en Algérie, — à Oran, — et,
à cette occasion, j’adressai un rapport au Foreign Office, sur les pro-
grès réalisés dans la colonie et les divers essais d’administration et de
colonisation qui s’y sont succédé depuis la conquête. Je me suis
hasardé à qualifier de « colonisation de luxe » les résultats considéra-
bles, mais coûteux, qui ont été atteints ; aujourd’hui, je voudrais donner
une idée des résultats obtenus en Tunisie par un système tout diffé-
rent. Là, toute intervention officielle dans l’œuvre de la colonisation
est inconnue, pas un seul village n’a été créé, pas un seul immigrant
importé, pas un hectare de terre 11’a été confisqué ; toutes les charges
civiles supportées par la France ne dépassent pas ensemble la somme
de 6,000 livres sterling (150,000 francs) par an.
Le mécanisme gouvernemental et des plus simples. Le ministre
résident est le représentant de la France et le ministre des affaires
étrangères du Bey ; il est assisté d’un petit état-major de fonctionnaires
français. En fait, le nombre de ceux qui correspondent à ce que nous
appelons en Angleterre les « chefs de département », ne dépasse pas
la dizaine.
En Tunisie, existe un sentiment très vif au sujet du maintien de
son indépendance vis-à-vis de l’Algérie, l’annexion entraînerait l’éta-
blissement de charges que le pays aurait du mal à supporter ; mais ce
sentiment ne rencontre pas grande faveur au delà des frontières de la
Régence. En Algérie et en France, tout un parti réclame à grands cris
l’annexion complète ; jaloux des desseins prêtés à d’autres puissances,
il veut faire de toute l’Afrique septentrionnale un prolongement de la
mère patrie.
Nous vivons dans une époque d’expositions de l’Industrie ; il
vient d’y en avoir une à Tunis, qui, malgré le peu de temps accordé
(1) Conférence faite par Sir Lambert Play fait, consul général de S. M. B., au
congrès de l’Association britannique par l’avancement des sciences tenu à Bath,
le 10 septembre 1888 (traduction).
LA NOUVELLE CROISADE DU CARDINAL LAVIGER1E
L’hiver dernier, l’Association française pour l’avancement des
sciences s’est, pour la seconde fois, réunie en Algérie, — à Oran, — et,
à cette occasion, j’adressai un rapport au Foreign Office, sur les pro-
grès réalisés dans la colonie et les divers essais d’administration et de
colonisation qui s’y sont succédé depuis la conquête. Je me suis
hasardé à qualifier de « colonisation de luxe » les résultats considéra-
bles, mais coûteux, qui ont été atteints ; aujourd’hui, je voudrais donner
une idée des résultats obtenus en Tunisie par un système tout diffé-
rent. Là, toute intervention officielle dans l’œuvre de la colonisation
est inconnue, pas un seul village n’a été créé, pas un seul immigrant
importé, pas un hectare de terre 11’a été confisqué ; toutes les charges
civiles supportées par la France ne dépassent pas ensemble la somme
de 6,000 livres sterling (150,000 francs) par an.
Le mécanisme gouvernemental et des plus simples. Le ministre
résident est le représentant de la France et le ministre des affaires
étrangères du Bey ; il est assisté d’un petit état-major de fonctionnaires
français. En fait, le nombre de ceux qui correspondent à ce que nous
appelons en Angleterre les « chefs de département », ne dépasse pas
la dizaine.
En Tunisie, existe un sentiment très vif au sujet du maintien de
son indépendance vis-à-vis de l’Algérie, l’annexion entraînerait l’éta-
blissement de charges que le pays aurait du mal à supporter ; mais ce
sentiment ne rencontre pas grande faveur au delà des frontières de la
Régence. En Algérie et en France, tout un parti réclame à grands cris
l’annexion complète ; jaloux des desseins prêtés à d’autres puissances,
il veut faire de toute l’Afrique septentrionnale un prolongement de la
mère patrie.
Nous vivons dans une époque d’expositions de l’Industrie ; il
vient d’y en avoir une à Tunis, qui, malgré le peu de temps accordé
(1) Conférence faite par Sir Lambert Play fait, consul général de S. M. B., au
congrès de l’Association britannique par l’avancement des sciences tenu à Bath,
le 10 septembre 1888 (traduction).