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Revue de l'Afrique française — Paris, 6 (Septième Année).1888

DOI issue:
Nr. 46
DOI article:
Mercier, Ernes: Lettre de Constantine
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.19135#0362

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LETTRE DE GONSTANTINE

Coüstantine, le 8 juillet 1888.
Le Conseil général de Constantine, réuni en session extraordinaire
pour étudier et proposer les mesures nécessaires à l’effet de remédier
aux conséquences de l’invasion des sauterelles et de la sécheresse dans
les hauts plateaux du département, a résolu de garantir, à concurrence
de quatre millions, les emprunts à faire par les communes pour pallier
la crise. En même temps, on a appris que la Banque de l’Algérie mettait
les sommes nécessaires à la disposition des communes, sans intérêt
pendant deux ans ; que le Parlement avait voté cinq cent mille francs
pour venir en aide aux sinistrés, et que les comités locaux recevaient
de tous côtés des souscriptions importantes, sans parler de la publication
d'El Djerad par la Société de l’Afrique du Nord.
Voilà en quelques mots le bilan de la situation, et l’on peut, dès à
présent, être rassuré sur l’issue de la crise ! L’administration a fait du
reste son possible pour caser dans le Tel les émigrés des hauts plateaux,
et leur fournir des pâturages pour leurs bestiaux, qu’il est très impor-
tant de conserver, au lieu de les vendre à vil prix comme ils l’ont fait
dans ces derniers temps. Quant aux quelques rixes auxquelles les
émigrations ont donné lieu sur divers points, elles n’ont pas l’impor-
tance que les pessimistes ont voulu leur attribuer : ces querelles se
présentent toujours dans les années sèches ; de même les Arabes de
l’époque antéislamique luttaient, de tribu à tribu, pour la conquête
d’un pâturage... ou d’une jolie femme.
Parmi les mesures prises, la principale, la plus logique, la plus
équitable, celle qui donnera les meilleurs résultats, est celle qui per-
mettra aux communes d’emprunter les sommes nécessaires, sous la
garantie du département. Les communes, en effet, et particulièrement
les commune mixtes, sont les mieux placées non seulement pour juger
de l’étendue du désastre, ce qui a un intérêt relatif, mais pour voir ce
qui est nécessaire en vue de l’atténuer, c’est-à-dire pour faire vivre
jusqu’à la récolte prochaine les indigents, et pour permettre à tous
d’ensemencer les terres, car il faut espérer que la récolte prochaine
sera bonne. Enfin, la commune, étant personnellement engagée, veillera
à ce que les secours et les prêts aillent à leur vraie destination et ne
soient pas absorbés, comme cela a lieu trop souvent, par ces êtres qui
voient dans toute calamité une occasion de profits particuliers. Elle
 
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