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LE BELLEZMA
le territoire a été séquestré en 1864, et qui ne cultivent plus que des
terres louées; des Ouled-Menaa, qui se disent originaires de la tribu des
Haracta, et dont le territoire est en effet traversé par une rivière nom-
mée encore aujourd’hui Oued-El-Haracta ; enfin des Halimïa, qui habi-
tent les flancs du Djebel-Mestaoua et doivent leur nom au village de
Halima (Guergour), situé en face du plateau de la Mestaoua et aujour-
d’hui abandonné. Cette dernière fraction et celle des Ouled-Fatma
passent ajuste titre dans le pays pour les plus indisciplinées, les plus
belliqueuses et les plus intrépides de la tribu des Ouled-bou-Aoun.
Les deux fractions des Ouled-Si-Abderrahman, celle des Ouled-Si-El-
Hadj-ben-Ameur, qui forment le douar de Zana, étaient dans le principe
exclusivement composées de gens de Zaouïa, exempts d’impôts et ne
prenant aucune part aux luttes qui divisaient leurs voisins. Mais ce
caractère religieux s’est depuis longtemps effacé : dans les conflits qui
éclataient si fréquemment sous leurs yeux avant la soumission de leur
territoire par les troupes françaises, elles finirent par prendre parti
pour l’un ou l’autre des soffs qui se disputaient la prépondérance dans
la tribu, et qui avaient toujours pour chefs des membres de la famille
des Douaouda.
On donne, dans la province de Constantine, le nom de Douaouda, qui
est celui de l’une des tribus arabes venues dans le nord de l’Afrique
au xie siècle, à plusieurs familles puissantes, telles que celle des Ouled-
Belkassem, dans l’Aurès, des Ouled-bou-Akkaz, dans le Sahara. Cela
ne signifie pas, à mon avis, que les Douaouda actuels descendent tous
directement de Daouad-ben-Mirdas, l’un des chefs de la tribu des Biah,
bien qu’on 11e les trouve que dans le pays occupé au xme siècle par les
Daouaouida. Il est probable que le mot daouaeü a fini à la longue par
désigner tout chef influent dans la famille duquel l’autorité se main-
tenait pendant une période de temps assez longue. D’ailleurs, les Doua-
ouda du Bellezma, qu’ils méritent ou ne méritent pas cette dénomina-
tion, n’ont jamais songé à se donner comme les descendants de
Daouad-ben-Mirdas.
Voici comment ils expliquent leur origine et racontent leur his-
toire, qui est intimement liée à celle de la tribu des Ouled-bou-Aoun.
Les Ouled-bou-Aoun prétendent avoir été ainsi appelés du nom
d’un certain Aoun (et non pas Bouaoun, comme on pourrait être tenté
de le croire), venu à une époque que l’on 11e peut préciser de Saguia-
El-llamra, dans le Maroc. Une remarque à ce sujet :
Quiconque a un peu parcouru les tribus du département de Constat!-
LE BELLEZMA
le territoire a été séquestré en 1864, et qui ne cultivent plus que des
terres louées; des Ouled-Menaa, qui se disent originaires de la tribu des
Haracta, et dont le territoire est en effet traversé par une rivière nom-
mée encore aujourd’hui Oued-El-Haracta ; enfin des Halimïa, qui habi-
tent les flancs du Djebel-Mestaoua et doivent leur nom au village de
Halima (Guergour), situé en face du plateau de la Mestaoua et aujour-
d’hui abandonné. Cette dernière fraction et celle des Ouled-Fatma
passent ajuste titre dans le pays pour les plus indisciplinées, les plus
belliqueuses et les plus intrépides de la tribu des Ouled-bou-Aoun.
Les deux fractions des Ouled-Si-Abderrahman, celle des Ouled-Si-El-
Hadj-ben-Ameur, qui forment le douar de Zana, étaient dans le principe
exclusivement composées de gens de Zaouïa, exempts d’impôts et ne
prenant aucune part aux luttes qui divisaient leurs voisins. Mais ce
caractère religieux s’est depuis longtemps effacé : dans les conflits qui
éclataient si fréquemment sous leurs yeux avant la soumission de leur
territoire par les troupes françaises, elles finirent par prendre parti
pour l’un ou l’autre des soffs qui se disputaient la prépondérance dans
la tribu, et qui avaient toujours pour chefs des membres de la famille
des Douaouda.
On donne, dans la province de Constantine, le nom de Douaouda, qui
est celui de l’une des tribus arabes venues dans le nord de l’Afrique
au xie siècle, à plusieurs familles puissantes, telles que celle des Ouled-
Belkassem, dans l’Aurès, des Ouled-bou-Akkaz, dans le Sahara. Cela
ne signifie pas, à mon avis, que les Douaouda actuels descendent tous
directement de Daouad-ben-Mirdas, l’un des chefs de la tribu des Biah,
bien qu’on 11e les trouve que dans le pays occupé au xme siècle par les
Daouaouida. Il est probable que le mot daouaeü a fini à la longue par
désigner tout chef influent dans la famille duquel l’autorité se main-
tenait pendant une période de temps assez longue. D’ailleurs, les Doua-
ouda du Bellezma, qu’ils méritent ou ne méritent pas cette dénomina-
tion, n’ont jamais songé à se donner comme les descendants de
Daouad-ben-Mirdas.
Voici comment ils expliquent leur origine et racontent leur his-
toire, qui est intimement liée à celle de la tribu des Ouled-bou-Aoun.
Les Ouled-bou-Aoun prétendent avoir été ainsi appelés du nom
d’un certain Aoun (et non pas Bouaoun, comme on pourrait être tenté
de le croire), venu à une époque que l’on 11e peut préciser de Saguia-
El-llamra, dans le Maroc. Une remarque à ce sujet :
Quiconque a un peu parcouru les tribus du département de Constat!-