VOYAGE DE TUNIS AU KEF
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mais nous ne gagnâmes rien au changement de chemin : celui que
nous parcourions était raboteux et rempli de monticules. Sur le midi,
environ, nous arrivâmes au sommet d’une très haute montagne; après
l’avoir descendue avec assez de difficulté, nous nous trouvâmes dans
une vaste plaine où nous marchâmes très longtemps; rendus à peu
près au milieu, la nuit nous surprit.
Il fallut organiser notre campement. Je ne vis pas avec plaisir tous
ces apprêts nocturnes, commençant à me lasser de la vie errante que
je menais; il n’en était pas de même de notre troupe; elle était très
habituée à ce genre d’existence, aussi leur exemple amena ma rési-
gnation et nous soupâmes de très bon appétit.
Notre repos ne fut pas de longue durée dans ce gîte ambulant ; nous
en partîmes le 18 octobre de très grand matin. Sur les neuf heures,
nous quittâmes cette plaine, et découvrîmes du coté du levant, sur
une éminence, un amas de ruines qui n’annonçaient dans l’éloigne-
ment rien d’intéressant.
Nous fûmes agréablement surpris, en les traversant, d’y trouver
trois arcs de triomphe semblables en tous points dans leur structure,
à cela près que deux étaient restés debout dans leur entier, et le troi-
sième était écroulé à moitié; ceux qui n’étaient que faiblement dété-
riorés avaient quarante pieds de hauteur sur vingt-deux de large.
Les deux piliers formant les pieds droits de l’arc nous surprirent
par leur hardiesse; quoique ayant six pieds en carré sur toutes les
faces, iis ne nous parurent pas en harmonie avec le poids qu’ils avaient
à soutenir en sus du couronnement de l’arc parfaitement orné à deux
pieds de sa coupe jusqu’à la corniche, le tout construit avec des pierres
surprenantes par leur grosseur. La moindre d’icelles avait quatre
pieds dans toute sa largeur et épaisseur, sur six à sept pieds de lon-
gueur.
Les corniches correspondaient à la beauté de ces monuments, mais
les pierres qui les formaient étaient déplus faibles dimensions, quoique
excédant de beaucoup celles employées de nos jours à des édifices plus
considérables; au reste, aucune légende ne paraissait sur les entable-
ments.
A très peu de distance des arcs que nous venions d’observer, on y
voyait éparses une quantité de colonnes renversées et autres pierres
qui annonçaient être des débris de superbes édifices. Nous 11e remar-
quâmes, dans celles que le temps avait ménagées, aucune inscription
qui pût nous éclairer sur le genre de monument auquel tous ces
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mais nous ne gagnâmes rien au changement de chemin : celui que
nous parcourions était raboteux et rempli de monticules. Sur le midi,
environ, nous arrivâmes au sommet d’une très haute montagne; après
l’avoir descendue avec assez de difficulté, nous nous trouvâmes dans
une vaste plaine où nous marchâmes très longtemps; rendus à peu
près au milieu, la nuit nous surprit.
Il fallut organiser notre campement. Je ne vis pas avec plaisir tous
ces apprêts nocturnes, commençant à me lasser de la vie errante que
je menais; il n’en était pas de même de notre troupe; elle était très
habituée à ce genre d’existence, aussi leur exemple amena ma rési-
gnation et nous soupâmes de très bon appétit.
Notre repos ne fut pas de longue durée dans ce gîte ambulant ; nous
en partîmes le 18 octobre de très grand matin. Sur les neuf heures,
nous quittâmes cette plaine, et découvrîmes du coté du levant, sur
une éminence, un amas de ruines qui n’annonçaient dans l’éloigne-
ment rien d’intéressant.
Nous fûmes agréablement surpris, en les traversant, d’y trouver
trois arcs de triomphe semblables en tous points dans leur structure,
à cela près que deux étaient restés debout dans leur entier, et le troi-
sième était écroulé à moitié; ceux qui n’étaient que faiblement dété-
riorés avaient quarante pieds de hauteur sur vingt-deux de large.
Les deux piliers formant les pieds droits de l’arc nous surprirent
par leur hardiesse; quoique ayant six pieds en carré sur toutes les
faces, iis ne nous parurent pas en harmonie avec le poids qu’ils avaient
à soutenir en sus du couronnement de l’arc parfaitement orné à deux
pieds de sa coupe jusqu’à la corniche, le tout construit avec des pierres
surprenantes par leur grosseur. La moindre d’icelles avait quatre
pieds dans toute sa largeur et épaisseur, sur six à sept pieds de lon-
gueur.
Les corniches correspondaient à la beauté de ces monuments, mais
les pierres qui les formaient étaient déplus faibles dimensions, quoique
excédant de beaucoup celles employées de nos jours à des édifices plus
considérables; au reste, aucune légende ne paraissait sur les entable-
ments.
A très peu de distance des arcs que nous venions d’observer, on y
voyait éparses une quantité de colonnes renversées et autres pierres
qui annonçaient être des débris de superbes édifices. Nous 11e remar-
quâmes, dans celles que le temps avait ménagées, aucune inscription
qui pût nous éclairer sur le genre de monument auquel tous ces