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Revue de l'Afrique française — Paris, 6 (Septième Année).1888

DOI issue:
Nr. 53
DOI article:
Castonnet des Fosses, Henri: La dynastie des Chérifs Fileli, [1]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.19135#0514

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388

LA DYNASTIE DES CHERIFS FILELI

quelques aimées. De plus, Moulê-Ali passait pour descendre de Maho-
met; il n’en fallait pas davantage pour consolider son crédit et lui
donner un immense prestige auprès des populations. Aussi fut-il pro-
clamé sultan et reconnu comme tel par le Drâa et la plus grande partie
du Sous. A ce moment, le souverain qui régnait à Fez était Moulê-Sidan
qui avait à combattre son frère, Moulê-Cheikh, et les Kabyles du Rif.
Le roi d’Espagne, Philippe II, appuyait ces révoltes et il était impossi-
ble au sultan de Fez de s’occuper des provinces méridionales de son
empire.
Le marabout Ali, qui avait pris le nom de Moulê-Cherif mourut en
laissant une nombreuse descendance. Ce fut son fils aîné, Sidi-Moham-
med, qui lui succéda; l’on s’accorde à dire que ce prince était d’hu-
meur pacifique et que ses qualités lui avaient concilié l’affection des
tribus qui reconnaissaient son autorité.
Le deuxième fils de Moulê-Cherif, Moulê-Rechid, qui était mulâtre,
était tout autre. Son ambition ne pouvait lui faire accepter d’être le
sujet de son frère, et, de plus, il était doué d’une grande audace et
d’une férocité incroyable. Après avoir essayé sans succès de soulever
le Drâa, il avait été obligé de prendre la fuite et était venu s’enrôler
dans l’armée du pacha Ali-Soliman qui commandait alors dans le Rif.
U gagna bientôt sa confiance, puis l’assassina pour s’emparer de son
trésor. Après son crime, Moulê-Rechid reparut dans le Drâa et, grâce
à ses largesses, il sut se créer un parti et se trouva bientôt à la tête d’une
nombreuse armée. Sidi-Mohamiued voulut entrer en lutte avec lui ; il
fut vaincu dans deux batailles, abandonné par la plus grande partie de
son armée et obligé de se renfermer dans la ville de Tafilet où il fut
bientôt assiégé. Il mourut, en 1664, au moment où il allait capituler.
Moulê-Rechid était débarrassé de son frère et son autorité reconnue
par le Drâa et le Sous. Il pensa que le moment était favorable pour
étendre sa domination sur tout le Maghief et fonder une nouvelle
dynastie. Une guerre ne pouvait que sourire aux Arabes des tribus du
désert, et une armée nombreuse ne tarda pas à se ranger sous ses
ordres. Moulê-Rechid fit d’abord reconnaître son autorité dans tout le
bassin de la Moulouïa et la région du Rif, et, en 1666, il arrivait
devant Fez.
La ville de Fez se trouvait dans une triste situation depuis quelques
années. En 1647, le dernier fils de Sidan, Moulê-Ahmed-Cheikh, avait
été proclamé sultan. C’était un prince efféminé qui ne sortait jamais
de son harem et laissait le gouvernement à des ministres avares dont
 
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