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ÉPISODE DE L’INSURRECTION DE 1864
Le 11 , au Melâb des Matmatas.
Le 12, chez les Meknessas, au village de Khernachine ; c’est la position
centrale des Beni-Ouragh. C’est là que la question doit se trancher.
En marchant sur Khernachine, nous trouvons sur la route, à un
col du plus difficile accès, de nombreux fantassins en armes qui nous
barrent la route et nous crient que : si nous ne promettons pas
de ne pas brûler leurs villages, nous ne passerons pas. Ce genre
d’ultimatum ne pouvant être admis de révoltés, qui, en pleine paix, ont
attaqué Ammi-Moussa, on ne répond rien, mais on se hâte de
masser le convoi et de préparer l’attaque. Puis, nous nous mettons en
route en formation de combat; nous nous attendons à une résistance
rendue facile par la raideur des pentes et les difficultés du terrain. Ce-
pendant, nous arrivons au sommet sans un seul coup de fusil et nous
prenons bientôt notre campement près du gros village de Khernachine
qui est absolument vide d’habitants.
Dans la journée, quelques personnages importants de la tribu
viennent sonder le terrain et le commandant de la colonne leur fait
connaître les ordres du gouverneur général dont le principal est le
désarmement et la remise d’otages.
Il ajoute qu’il est pressé de quitter leur pays et que, si le lendemain
à midi ils n’ont pas exécuté les ordres reçus, il mettra le feu aux villages
et traitera le pays en ennemi.
Le 13, à midi, les Beni-Ouragh n’ayant rempli aucune des conditions
imposées, les troupes prennent des positions de défense et commencent
la destruction du village.
Immédiatement la fusillade commence et dure une partie de l’après-
midi.
Le 14, les ordres positifs du gouverneur nous faisant un devoir
d’être le 15 à Ammi-Moussa, nous nous décidons à partir quoiqu’il
n’y ait point de soumission obtenue. Nous descendons de Khernachine
à l’Oued-bou-Gnerar par un affreux ravin dominé de tous côtés et dont
les pentes sont couvertes de broussailles impénétrables et de champs
de figuiers. La colonne passe sans difficultés; mais l’arrière-garde,
aussitôt engagée dans le ravin, est assaillie par une multitude de
Kabyles, qui profitent du fourré pour s’approcher de très près des
troupes et lancent sur elles toutes sortes de projectiles. Heureusement
que beaucoup n’ont pour armes que des bâtons et des pierres. Le
bataillon de tirailleurs indigènes qui fait l’arrière-garde se trouve un
instant mêlé et est obligé d’employer la baïonnette et la crosse pour se
ÉPISODE DE L’INSURRECTION DE 1864
Le 11 , au Melâb des Matmatas.
Le 12, chez les Meknessas, au village de Khernachine ; c’est la position
centrale des Beni-Ouragh. C’est là que la question doit se trancher.
En marchant sur Khernachine, nous trouvons sur la route, à un
col du plus difficile accès, de nombreux fantassins en armes qui nous
barrent la route et nous crient que : si nous ne promettons pas
de ne pas brûler leurs villages, nous ne passerons pas. Ce genre
d’ultimatum ne pouvant être admis de révoltés, qui, en pleine paix, ont
attaqué Ammi-Moussa, on ne répond rien, mais on se hâte de
masser le convoi et de préparer l’attaque. Puis, nous nous mettons en
route en formation de combat; nous nous attendons à une résistance
rendue facile par la raideur des pentes et les difficultés du terrain. Ce-
pendant, nous arrivons au sommet sans un seul coup de fusil et nous
prenons bientôt notre campement près du gros village de Khernachine
qui est absolument vide d’habitants.
Dans la journée, quelques personnages importants de la tribu
viennent sonder le terrain et le commandant de la colonne leur fait
connaître les ordres du gouverneur général dont le principal est le
désarmement et la remise d’otages.
Il ajoute qu’il est pressé de quitter leur pays et que, si le lendemain
à midi ils n’ont pas exécuté les ordres reçus, il mettra le feu aux villages
et traitera le pays en ennemi.
Le 13, à midi, les Beni-Ouragh n’ayant rempli aucune des conditions
imposées, les troupes prennent des positions de défense et commencent
la destruction du village.
Immédiatement la fusillade commence et dure une partie de l’après-
midi.
Le 14, les ordres positifs du gouverneur nous faisant un devoir
d’être le 15 à Ammi-Moussa, nous nous décidons à partir quoiqu’il
n’y ait point de soumission obtenue. Nous descendons de Khernachine
à l’Oued-bou-Gnerar par un affreux ravin dominé de tous côtés et dont
les pentes sont couvertes de broussailles impénétrables et de champs
de figuiers. La colonne passe sans difficultés; mais l’arrière-garde,
aussitôt engagée dans le ravin, est assaillie par une multitude de
Kabyles, qui profitent du fourré pour s’approcher de très près des
troupes et lancent sur elles toutes sortes de projectiles. Heureusement
que beaucoup n’ont pour armes que des bâtons et des pierres. Le
bataillon de tirailleurs indigènes qui fait l’arrière-garde se trouve un
instant mêlé et est obligé d’employer la baïonnette et la crosse pour se