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LES Nex-kç DE MANÉTIION
duction de certains épisodes importants de la vie des dieux a contribué, d'autre part, à
la création d'une catégorie de prêtres attachés aux divinités funéraires et chargés, entre
autres choses, de conserver le souvenir du mystère osirien et de reproduire dans les
cérémonies commémoratives ou dans les offices journaliers les actes des Enfants d'Horus
et de Khonti-Khiti. Ce qui était établi en la mémoire du dieu mort était minutieusement
répété par eux auprès de la dépouille du défunt devenu Osiris, si bien qu'une des opéra-
tions de l'embaumement leur était confiée en leur qualité de « serviteurs » ou de « sui-
vants » d'Anubis taricheute1. Un document de premier ordre, que j'ai eu l'occasion de
copier et d'étudier en préparant la publication du temple d'Edfou, nous les montre d'une
façon plus intime encore, dans l'exercice même de leur ministère2. A Edfou, de même
qu'à Denclérah et à Philso, le culte d'Osiris mort, — de Sokaris pour traduire à la lettre
du texte, — avait pris un développement considérable. Le temple d'Edfou renferme au
moins deux chambres qui lui étaient uniquement consacrées. Dans la plus reculée des
deux, tout le long du jour et de la nuit (je n'ai pu encore me rendre compte absolument
si le fait ne se reproduisait qu'à certains anniversaires, ou s'il était quotidien), d'heure
en heure, les prêtres récitaient des prières dialoguées auxquelles des femmes représen-
tant Isis et Nephthys, la grande et la petite pleureuse, répondaient par des lamentations,
— et cela, au milieu d'aides de toutes sortes chargés de fruits, de fleurs et de quartiers
de viande fraîchement dépecée à l'usage du dieu. Un personnage, sans cesse remplacé à
chaque reprise de l'office, veillait, debout près de la statue sacrée; ce prêtre n'était
autre chose que le représentant d'un des membres de la petite ennéade : les douze
hommes auxquels le service de jour incombait portaient à tour de rôle le nom d'un des
huit parèdres de la "^^^ (Mosou-Hor et Mosou-Khonti-Khiti, classés dans
-Zj , dont la troupe se trouvait renforcée, en la circonstance, de
rois Matés-
A/WW\ q AAAAAA i O. ^ mC\ ^ /WWW j\ /-\ ^
Mirouï : j^-^ ^"L_| > \ 0 \> -^jj^^ afj^ , et du dieu des parfums et des labo-
ratoires ifeg. Ce roulement se reproduisait invariablement pour la garde de nuit.
En résumé, comme je l'ai dit en débutant, les deux listes de Khou, mises en rapport
par la rédaction thébano-saïte du chapitre xvn, sont absolument étrangères l'une à
l'autre. La plus ancienne, probablement originaire du Delta, reproduit le type d'une
assemblée de sept dieux protecteurs des morts. Elle répond à un dogme local, dont les
éléments ne se retrouvent dans aucune autre théogonie. Servit-elle de point de départ
aux Héliopolitains, qui, en l'adoptant, l'auraient déformée, la façonnant sur le modèle
des cycles déjà introduits dans leur panthéon, ou bien ces deux traditions se sont-elles
développées côte à côte sans jamais rien s'emprunter? Il me serait assez difficile de le
dire. Cela, du reste, n'aurait qu'un intérêt secondaire en ce qui concerne le rôle suffi-
samment bien défini des Khou. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'à une époque voisine de
la Ve dynastie, il existait, à Héliopolis, à côté de deux ennéades parfaitement consti-
1. Papyrus de Boulaq n° 3, VIII, 16-17; Masi'ero, Mémoire sur quelques papyrus du Louvre, p. 37.
2. J'ai préparé une longue étude de ce texte que je compte mettre bientôt sous presse.
LES Nex-kç DE MANÉTIION
duction de certains épisodes importants de la vie des dieux a contribué, d'autre part, à
la création d'une catégorie de prêtres attachés aux divinités funéraires et chargés, entre
autres choses, de conserver le souvenir du mystère osirien et de reproduire dans les
cérémonies commémoratives ou dans les offices journaliers les actes des Enfants d'Horus
et de Khonti-Khiti. Ce qui était établi en la mémoire du dieu mort était minutieusement
répété par eux auprès de la dépouille du défunt devenu Osiris, si bien qu'une des opéra-
tions de l'embaumement leur était confiée en leur qualité de « serviteurs » ou de « sui-
vants » d'Anubis taricheute1. Un document de premier ordre, que j'ai eu l'occasion de
copier et d'étudier en préparant la publication du temple d'Edfou, nous les montre d'une
façon plus intime encore, dans l'exercice même de leur ministère2. A Edfou, de même
qu'à Denclérah et à Philso, le culte d'Osiris mort, — de Sokaris pour traduire à la lettre
du texte, — avait pris un développement considérable. Le temple d'Edfou renferme au
moins deux chambres qui lui étaient uniquement consacrées. Dans la plus reculée des
deux, tout le long du jour et de la nuit (je n'ai pu encore me rendre compte absolument
si le fait ne se reproduisait qu'à certains anniversaires, ou s'il était quotidien), d'heure
en heure, les prêtres récitaient des prières dialoguées auxquelles des femmes représen-
tant Isis et Nephthys, la grande et la petite pleureuse, répondaient par des lamentations,
— et cela, au milieu d'aides de toutes sortes chargés de fruits, de fleurs et de quartiers
de viande fraîchement dépecée à l'usage du dieu. Un personnage, sans cesse remplacé à
chaque reprise de l'office, veillait, debout près de la statue sacrée; ce prêtre n'était
autre chose que le représentant d'un des membres de la petite ennéade : les douze
hommes auxquels le service de jour incombait portaient à tour de rôle le nom d'un des
huit parèdres de la "^^^ (Mosou-Hor et Mosou-Khonti-Khiti, classés dans
-Zj , dont la troupe se trouvait renforcée, en la circonstance, de
rois Matés-
A/WW\ q AAAAAA i O. ^ mC\ ^ /WWW j\ /-\ ^
Mirouï : j^-^ ^"L_| > \ 0 \> -^jj^^ afj^ , et du dieu des parfums et des labo-
ratoires ifeg. Ce roulement se reproduisait invariablement pour la garde de nuit.
En résumé, comme je l'ai dit en débutant, les deux listes de Khou, mises en rapport
par la rédaction thébano-saïte du chapitre xvn, sont absolument étrangères l'une à
l'autre. La plus ancienne, probablement originaire du Delta, reproduit le type d'une
assemblée de sept dieux protecteurs des morts. Elle répond à un dogme local, dont les
éléments ne se retrouvent dans aucune autre théogonie. Servit-elle de point de départ
aux Héliopolitains, qui, en l'adoptant, l'auraient déformée, la façonnant sur le modèle
des cycles déjà introduits dans leur panthéon, ou bien ces deux traditions se sont-elles
développées côte à côte sans jamais rien s'emprunter? Il me serait assez difficile de le
dire. Cela, du reste, n'aurait qu'un intérêt secondaire en ce qui concerne le rôle suffi-
samment bien défini des Khou. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'à une époque voisine de
la Ve dynastie, il existait, à Héliopolis, à côté de deux ennéades parfaitement consti-
1. Papyrus de Boulaq n° 3, VIII, 16-17; Masi'ero, Mémoire sur quelques papyrus du Louvre, p. 37.
2. J'ai préparé une longue étude de ce texte que je compte mettre bientôt sous presse.