36
relation sommaire d'une excursion
Le manque de temps m'a empêché d'examiner de plus près toutes les ruines
dont est jonchée l'ancienne Kuppoç sur une étendue de terrain considérable. Je me
suis promis de renouveler ma visite à ces lieux et d'y employer tout le temps
nécessaire.
Ce qui étonne, c'est l'absence de tout monument chrétien ou musulman. Les
deux inscriptions que j'y ai relevées sont grecques et païennes. On remarque
l'emplacement d'un théâtre et d'un hippodrome, une enceinte fortifiée entourant
la colline, et, au sommet, une forteresse, le tout très ruiné, et enfin d'innombrables
débris de toutes sortes.
Cette ville remonterait à une haute antiquité, ÎJjj! «ÛjJUj au dire de Yâqoût,
qui avait peut-être puisé indirectement à des sources grecques. Elle a joué le rôle
de ville frontière pendant la longue période de guerres que les Musulmans eurent
à soutenir contre les armées des empereurs de Byzance. C'était une des places
fortes do la frontière du Nord que les Arabes confondaient sous le nom collectif
de atawâsem et dont les principales étaient Mambîdj, Doloûk (aujourd'hui
cAntàb), Racbân et Antâkiyé.
Il y avait à Qoûros, d'après notre auteur, la forteresse de Salmân ôU-L ^*a>-; ce
devait être celle dont on voit encore de nombreux restes, au sommet de la colline qui
dominait la ville, et dont l'enceinte était et est encore très étendue. Au dire .des histo-
riens arabes, la ville forte de Qoûros fut conquise par le général arabe Aboù 'Obayda,
c'est-à-dire dès le premier siècle de l'hégire. La forteresse était donc de Vépoque
grecque, de même que le nom de Kuppoç, en arabe j-jyj a bien une physionomie grecque.
Elle demeura au pouvoir des Arabes jusqu'en l'année 293 de l'hégire, époque où les
Grecs la détruisirent et la dépeuplèrent.
Voici à ce sujet ce que dit Ibn alathîr dans son Kâmil attawârikh : « En l'an 292,
Andronicos le Grec envahit Mar'ach et ses environs. Les habitants de al Massîsa et de
Tarsoûs se dispersèrent... En l'an 293, les Grecs poussèrent leurs incursions sur le
territoire musulman jusqu'à Qoûros dans la province de Halab. Les habitants leur
livrèrent une bataille qui fut acharnée, mais ils furent mis en fuite après avoir perdu le
plus grand nombre des leurs. Au nombre des morts furent les chefs des Banoû-Tamîm.
Les Grecs entrèrent clans Qoûros, en incendièrent la mosquée et en emmenèrent en
captivité ceux des habitants qui restaient dans la ville. »
Dès lors, il n'est plus question de Qoûros dans les annales des Arabes. D'autre part,
les chrétiens de Syrie n'en parlent plus depuis la conquête de leur pays par les Arabes.
Tout porte à croire que cette ville, après la catastrophe de 293 (= 905 de notre ère), ne
s'est pas relevée de ses ruines. Yâqoût, qui a fini ses jours dans la Syrie septentrionale,
en parle comme d'une ville depuis longtemps ruinée; on sait qu'il mourut en 626
(= 1229 ap. J.-C). Dès le XIe siècle de notre ère, le nord de la Syrie est aux mains des
Turcs Seldjouqides, au XIIIe elle passe au pouvoir des Mongols, aux XIVe et XVe
surviennent les Turcs osmanli et les Tatares, et ces grands destructeurs, nés pour
faire des ruines, ne se souciaient guère de construire : aussi peut-on admettre que
l'histoire de Qoûros finit en 905 de notre ère. Et si les habitants de Killis ont utilisé
relation sommaire d'une excursion
Le manque de temps m'a empêché d'examiner de plus près toutes les ruines
dont est jonchée l'ancienne Kuppoç sur une étendue de terrain considérable. Je me
suis promis de renouveler ma visite à ces lieux et d'y employer tout le temps
nécessaire.
Ce qui étonne, c'est l'absence de tout monument chrétien ou musulman. Les
deux inscriptions que j'y ai relevées sont grecques et païennes. On remarque
l'emplacement d'un théâtre et d'un hippodrome, une enceinte fortifiée entourant
la colline, et, au sommet, une forteresse, le tout très ruiné, et enfin d'innombrables
débris de toutes sortes.
Cette ville remonterait à une haute antiquité, ÎJjj! «ÛjJUj au dire de Yâqoût,
qui avait peut-être puisé indirectement à des sources grecques. Elle a joué le rôle
de ville frontière pendant la longue période de guerres que les Musulmans eurent
à soutenir contre les armées des empereurs de Byzance. C'était une des places
fortes do la frontière du Nord que les Arabes confondaient sous le nom collectif
de atawâsem et dont les principales étaient Mambîdj, Doloûk (aujourd'hui
cAntàb), Racbân et Antâkiyé.
Il y avait à Qoûros, d'après notre auteur, la forteresse de Salmân ôU-L ^*a>-; ce
devait être celle dont on voit encore de nombreux restes, au sommet de la colline qui
dominait la ville, et dont l'enceinte était et est encore très étendue. Au dire .des histo-
riens arabes, la ville forte de Qoûros fut conquise par le général arabe Aboù 'Obayda,
c'est-à-dire dès le premier siècle de l'hégire. La forteresse était donc de Vépoque
grecque, de même que le nom de Kuppoç, en arabe j-jyj a bien une physionomie grecque.
Elle demeura au pouvoir des Arabes jusqu'en l'année 293 de l'hégire, époque où les
Grecs la détruisirent et la dépeuplèrent.
Voici à ce sujet ce que dit Ibn alathîr dans son Kâmil attawârikh : « En l'an 292,
Andronicos le Grec envahit Mar'ach et ses environs. Les habitants de al Massîsa et de
Tarsoûs se dispersèrent... En l'an 293, les Grecs poussèrent leurs incursions sur le
territoire musulman jusqu'à Qoûros dans la province de Halab. Les habitants leur
livrèrent une bataille qui fut acharnée, mais ils furent mis en fuite après avoir perdu le
plus grand nombre des leurs. Au nombre des morts furent les chefs des Banoû-Tamîm.
Les Grecs entrèrent clans Qoûros, en incendièrent la mosquée et en emmenèrent en
captivité ceux des habitants qui restaient dans la ville. »
Dès lors, il n'est plus question de Qoûros dans les annales des Arabes. D'autre part,
les chrétiens de Syrie n'en parlent plus depuis la conquête de leur pays par les Arabes.
Tout porte à croire que cette ville, après la catastrophe de 293 (= 905 de notre ère), ne
s'est pas relevée de ses ruines. Yâqoût, qui a fini ses jours dans la Syrie septentrionale,
en parle comme d'une ville depuis longtemps ruinée; on sait qu'il mourut en 626
(= 1229 ap. J.-C). Dès le XIe siècle de notre ère, le nord de la Syrie est aux mains des
Turcs Seldjouqides, au XIIIe elle passe au pouvoir des Mongols, aux XIVe et XVe
surviennent les Turcs osmanli et les Tatares, et ces grands destructeurs, nés pour
faire des ruines, ne se souciaient guère de construire : aussi peut-on admettre que
l'histoire de Qoûros finit en 905 de notre ère. Et si les habitants de Killis ont utilisé